L’artiste a convaincu le jury par l’originalité et la finesse de son langage formel et de ses références, et par l’impressionnante richesse du travail développé avec cohérence au cours de ces dernières années. La lauréate réalisera une exposition dans l’Espace Projet du MCBA du 25 mai au 1er septembre 2024, accompagnée d’une publication.
> Vernissage public: jeudi 23 mai 2024
Dans ses œuvres, Gina Proenza mêle littératures, sciences, légendes ou encore recherches anthropologiques en convoquant aussi bien des références amérindiennes que des contes populaires européens, tout en évoquant l’histoire de la sculpture moderniste au travers de dispositifs théâtraux. L’artiste allie la profondeur de la recherche à l’intelligence des matériaux, la précision d’exécution des objets à la poétique de leur mise en espace, pour créer des œuvres polysémiques en constant mouvement.
Au gré de ses expositions, l’artiste développe des narrations où chaque œuvre fonctionne comme un indice, à la fois création autonome et partie prenante d’un tout à déchiffrer. Comme elle le formule, «grâce à ces liens parfois incongrus ou malicieux, je construis des expositions qui renvoient autant à l’histoire de la sculpture minimale qu’à des légendes amérindiennes, jouant avec humour de l’usage des mots pour questionner les rapports de pouvoir et ses modes de connaissances.» Gargouilles qui tirent une langue motorisée, enseignes lumineuses transformées en partitions de chants ou bancs à bascule qui font dialoguer les corps du public entre eux: la langue, qu’elle soit orale, écrite, allégorique ou anatomique, est au cœur de sa pratique.
Biographie
Gina Proenza, (*1994 à Bogotá, Colombie) vit et travaille entre Lausanne et Genève. Diplômée en Arts Visuels de l’ECAL (École cantonale d’art de Lausanne) en 2017, elle est également titulaire d’un Certificate of Advanced Studies en Dramaturgie et Performance du texte de l’Université de Lausanne et de la Manufacture (Haute École des Arts de la Scène). Elle a réalisé des expositions personnelles entre autres à la Kunsthalle de St-Gall (2022), au Centre d’art de Neuchâtel (2020), et au Centre Culturel Suisse de Paris (2018), et a présenté ses œuvres dans des expositions collectives, notamment à Last Tango à Zurich et au PS120 à Berlin. En parallèle de son travail d’atelier, Gina Proenza est investie dans l’activité des scènes artistiques émergentes de la région, que ce soit en tant que membre de l’actuelle équipe de programmation de l’espace d’art Forde à Genève (2020-2023) ou comme co-fondatrice de l’artist-run-space Pazioli (Renens, 2015-2017). Elle enseigne la sculpture et anime un atelier d’écritures au sein du Bachelor Arts Visuels de l’ECAL.
Gina Proenza est la lauréate du Prix d’art Helvetia (2018), de la Bourse culturelle de la Fondation Leenaards (2019), du Prix d’art Kiefer Hablitzel (2021), et du Prix Culturel Manor Vaud (2024).
Le Prix Culturel Manor
Créé en 1982 pour la promotion de jeunes talents suisses, le Prix culturel Manor est remis tous les deux ans par un jury – dans le cadre du Prix Culturel Manor Vaud, les artistes sont choisi.e.s sur proposition du MCBA. Intervenant à un moment clé de la carrière d’artistes émergent.e.s, le prix permet de donner une impulsion déterminante à leur travail, contribuant ainsi à la promotion de la scène contemporaine vaudoise. Le Prix Culturel Manor Vaud a été attribué aux artistes suivant.e.s: Laurent Huber (1989), Alain Huck (1990), Laurence Pittet (1991), Bernard Voïta (1994), Ariane Epars (1996), Anne Peverelli (1998), Nicolas Savary (2001), Philippe Decrauzat (2002), Didier Rittener (2005), Catherine Leutenegger (2006), Aloïs Godinat (2009), Laurent Kropf (2011), Julian Charrière (2014), Annaïk Lou Pitteloud (2016), Anne Rochat (2020) et Sarah Margnetti (2022).
Le jury du Prix Culturel Manor Vaud 2024
Le jury ayant attribué le Prix Culturel Manor Vaud 2024 à Gina Proenza était composé de:
- Didier Rittener, artiste, Lausanne
- Séverine Fromaigeat, curatrice, Genève
- Nicolas Brulhart, directeur de Fri-Art, Fribourg
- Pierre André Maus, Maus Frères SA
- Chantal Prod’Hom, Lausanne
Photo: Mathilda Olmi
Publié le 07 août 2023