Bibliographie
Françoise Ducros, Mario Merz, Paris, Flammarion, 1999 (coll. La création contemporaine).
Chantal Michetti-Prod’Hom, À la découverte… des collections romandes I, cat. exp. Pully/Lausanne, FAE Musée d’art contemporain, 1993, p. 10.
Ursula Perucchi-Petri, Denys Zacharopoulos et alii, Mario Merz, cat. exp. Zurich, Kunsthaus, 1985.
Dans les années 1960 et 1970, la suite de Fibonacci ([0], 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21…) est une référence courante chez les artistes (Mel Bochner, Donald Judd, Sol LeWitt, etc.) qui s’en servent comme d’un principe de progression, par exemple, des dimensions de leurs sculptures. Sa règle est que chaque terme, sauf les deux premiers, équivaut à la somme des deux précédents. La suite de Fibonacci s’observerait dans la nature notamment dans une spirale.
Merz l’utilise pour la première fois en 1968, alors qu’il réfléchit au moyen d’allier art et engagement social : il suspend à Turin, au-dessus de sa cuisinière, cinq néons indiquant « 1, 1, 2, 3, 5 » (Fibonacci Santa Giulia). Mais c’est à partir de 1970 qu’il l’intègre véritablement à son œuvre. Associé à l’Arte povera, l’artiste avait déjà montré de l’intérêt pour l’harmonie organique, par exemple de l’igloo, qu’il regarde comme un idéal de forme et d’habitat.
Dans cette œuvre, Merz illustre la suite numérique en l’inscrivant à l’acrylique au moyen d’un pochoir et en l’associant à une double spirale dessinée au fusain. Ces deux éléments se retrouvent souvent juxtaposés, comme si Merz exposait le principe et son illustration (par exemple, L’œuf philosophique installé à la gare de Zurich depuis 1991). L’artiste apprécie la suite de Fibonacci moins pour le hasard qu’elle écarte que pour la croissance du monde végétal et animal qu’elle symbolise. L’interrogation du titre de l’œuvre – « La nature interagit toujours et seulement avec elle-même ? » – s’explique ainsi comme une réflexion sur l’organisation du vivant. Aux références à la suite mathématique s’ajoute l’utilisation de matériaux naturels : une tige de roseau marque la diagonale de la feuille et des aiguilles de pin sont disséminées sur le support, suggérant le « Paysage avec vent » mentionné dans le titre, un faux désordre dans l’ordre.