Bibliographie
Christiane Meyer-Stoll (éd.), Kimsooja : Interviews, Vaduz, Kunstmuseum Lichtenstein, Cologne, Walther König, 2018.
Seungduk Kim, Youngwo Lee et alii, Kimsooja : To Breathe, Bottari, cat. exp. Venise, Pavillon coréen, 55e Biennale de Venise, Dijon, Les presses du réel, 2013.
Bernard Fibicher, Nakamura Keiji et alii., Kim Sooja : A Needle Woman, cat. exp. Berne, Kunsthalle Bern, 2001.
Formée à l’Université Hongik à Séoul puis à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, Kimsooja partage sa vie entre New York et Séoul depuis près de trente ans. À partir de 1999, elle réalise dans différents lieux – principalement des métropoles – une série de performances pour la caméra, intitulée A Needle Woman (Une femme aiguille). Le titre renvoie d’une part à la place centrale qu’occupent les tissus dans ses performances et ses installations, et d’autre part peut se lire métaphoriquement comme signifiant le corps qui se déplace et tisse des liens avec de nouveaux contextes ou de nouvelles situations.
A Needle Woman – Kitakyushu est une performance réalisée à Kitakyushu, au Japon. Elle consiste en un seul plan fixe, dépourvu de son. L’artiste, vêtue de gris sombre, pieds nus, les cheveux retenus par un élastique, est allongée sur un rocher gris crevassé, dos à la caméra. Au-dessus d’elle, un ciel bleu strié de nuages blancs qui se meuvent au gré du vent. Si dans d’autres performances, on voit l’artiste se déplacer ou se tenir au milieu de foules en mouvement (A Needle Woman, 1999-2001), ici le corps est parfaitement immobile. Placé exactement au centre de l’image, surplombant la ligne d’horizon, il est positionné entre terre et ciel, entre force gravitationnelle et fluidité de l’azur, entre lourdeur minérale et légèreté de l’air, comme s’il ne faisait qu’un avec la pierre, et en même temps assurait le lien avec l’élément céleste. Comme le dit l’artiste en 2013 : « Mon corps fonctionne comme le point central de quatre éléments différents : la terre, le ciel, la nature et l’humain. »
Si le corps immobile et allongé peut évoquer la mort, le fait qu’il soit dans une position dynamique – les deux jambes placées l’une au-dessus de l’autre, la tête posée sur le bras – et non dans une position de relâchement est l’expression bien plus du choix performatif d’une position méditative et concentrée que d’un effondrement du corps vers le néant.