François Bocion
À Ouchy en 1874, 1874

  • François Bocion (Lausanne, 1828 - 1890)
  • À Ouchy en 1874, 1874
  • Huile sur toile, 34 x 61 cm
  • Acquisition, 1941
  • Inv. 246
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Bocion est un des premiers peintres vaudois à choisir une carrière locale après une formation à Paris où il a rêvé comme tant d’autres de s’illustrer dans la peinture d’histoire. Son art repose sur une observation directe de la nature, à contre-courant de la vision romantique tourmentée caractéristique de la génération précédente. Son souci d’actualité, comme de modernité, en fait ainsi un chroniqueur de son temps. On voit sur cette composition une diligence, plusieurs voitures avec chevaux, un bateau à vapeur, autant de témoins d’une civilisation toujours plus mobile. Il règne ici une animation dense, due aussi bien au labeur qu’à l’oisiveté, le tourisme connaissant un grand essor. Les voyageurs arrivés par bateau montent dans la diligence pour rejoindre le centre de Lausanne.

L’année 1874 est celle de la mort de Charles Gleyre, le maître académique de Bocion à Paris, et aussi celle de la première exposition des impressionnistes à Paris. Si on a souvent rapproché l’Helvète de ces derniers en raison de sa pratique de la peinture de plein air et de son attrait pour la retranscription des variations atmosphériques, il est aussi le peintre de compositions très étudiées, caractéristiques de la peinture d’atelier. C’est le cas de ce tableau à la répartition très théâtrale de la lumière avec, à gauche, un second plan maintenu dans l’ombre.

Ce souci de la représentation de la vie moderne dans un style réaliste évoque aussi Gustave Courbet. Ce dernier vit exilé à La Tour-de-Peilz à partir de juillet 1873 et le lac Léman à toutes les heures du jour devient, comme pour Bocion, son sujet favori. On ne sait pas si le Suisse et le Français ont peint côte à côte sur le motif, mais il est possible qu’ils se soient fréquentés. À la mort de Courbet en 1877, c’est à Bocion que l’on confie la tâche de dresser l’inventaire de son atelier.

Exposé actuellement

La collection

Bibliographie

Béatrice Aubert-Lecoultre, Carinne Bertola et alii, François Bocion, Du Léman à Venise, cat. exp. Lausanne, Fondation de l’Hermitage, La Bibliothèques des Arts, Lausanne, 1990.

Dominique Radrizzani (dir.), François Bocion, au seuil de l’impressionnisme, cat. exp. Vevey, Musée Jenisch, Milan, 5 Continents Editions, 2006.