Bibliographie
Teresa Arcq et Martín Carlos (dir.), Leonora Carrington: Revelation, Barcelone, RM Editorial, Madrid, Fundación MAPFRE, 2023.
Jonathan P. Eburne et Catriona McAra (dir.), Leonora Carrington and the International Avant-Garde, Manchester, Manchester University Press, 2017.
Enfant rebelle et indisciplinée, Carrington montre très tôt des aptitudes pour le dessin, écrit à l’envers, peint des deux mains et s’intéresse au monde surnaturel. À l’occasion d’un séjour à Florence, elle étudie les artistes de la Renaissance italienne ; les anges de Sassetta et les silhouettes graciles de Sandro Botticelli marqueront durablement son esprit. Associée au mouvement surréaliste – terme qu’elle récusera toute sa vie – après sa rencontre avec Max Ernst en 1936, elle construit un œuvre tant pictural que littéraire, s’illustrant notamment dans le domaine du récit fantastique. Elle se passionne pour les animaux et particulièrement les chevaux, s’imprègne des mythologies celte et irlandaise et des contes de Lewis Caroll, transmis par sa mère et sa grand-mère.
La gouache conservée par le MCBA reflète le goût de l’artiste pour l’onirisme. Quatre figures semblent flotter dans un espace indéterminé, comme sorties d’un rêve. Celle de gauche est en équilibre sur les mains et jongle avec ses pieds, celle du milieu effleure une forme éthérée et celle de droite est engagée dans un numéro d’acrobate sur le dos d’un animal à courtes pattes. Entourées de halos colorés ou couvertes de constellations, elles semblent toutes se livrer à des jeux mystérieux. Se comparant parfois elle-même à une acrobate ou à une gitane, Carrington voit probablement dans ces figures hybrides un moyen de jouer avec sa propre identité. Celles-ci prennent part au bestiaire fantastique qu’elle crée dès ses débuts et qu’elle ne cessera d’enrichir au gré de ses expériences, la plus significative d’entre elles étant certainement son installation intermittente au Mexique à partir des années 1940. Là-bas, elle découvre une intensité du pouvoir de l’imagination qu’elle n’avait pas rencontré ailleurs. Parfaite illustration de son sens du merveilleux, ce bestiaire joue le rôle d’intermédiaire symbolique entre l’inconscient et le monde naturel, entre la réalité et le monde des mythes.