Emmanuelle Antille
As Deep as Our Sleep, As Fast as Your Heart II, 2001

  • Emmanuelle Antille (Lausanne, 1972)
  • As Deep as Our Sleep, As Fast as Your Heart II, 2001
  • 3 projections vidéo synchronisées, couleur, avec son, 10’02’’, éd. 2/3
  • Acquisition de la Commission cantonale des affaires culturelles, 2001
  • Inv. 2001-049
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Formée à l’École supérieure des arts visuels à Genève, puis à la Rijksakademie van Beeldende Kunsten à Amsterdam, Antille développe sa pratique artistique dans le champ de la vidéo et de l’installation depuis le début des années 1990. À la frontière de la fiction et du documentaire, les thèmes récurrents de son travail abordent les relations humaines : les rituels et les codes, les relations intimes et les rapports de force au sein de diverses communautés (famille, famille recomposée, groupe d’adolescents, etc.).

Projeté sur trois écrans suspendus dans l’espace, As Deep as Our Sleep, As Fast as Your Heart II plonge les spectateurs dans un univers onirique et fascinant de par son dispositif même. Comme le dit l’artiste dans un entretien en 2001 : « J’ai commencé à travailler l’installation parce que je voulais raconter des histoires et que je ne savais pas comment m’y prendre, par quel bout attaquer la vidéo et le montage. » Les scènes qui se déroulent sur les trois écrans n’obéissent pas à la logique narrative qui caractérise encore la majeure partie des productions du septième art. En effet, la répétition de la même scène sur les trois écrans, mais à travers des prises de vues différentes, non seulement offre divers points de vue sur un même événement, mais encore ouvre à l’infini les autres regards possibles sur ce scénario.

Filmée en huis clos, l’œuvre d’Antille retrace avec subtilité les rapports teintés d’ambivalence et chargés de tensions d’une mère et de sa fille, à travers des interactions qui oscillent entre rituels et jeux d’enfants, à mi-chemin entre sommeil et veille, rêve et réalité. Comme dans nombre de ses œuvres, c’est l’artiste elle-même, et sa propre mère, qui incarnent les protagonistes de la vidéo. La réitération des gestes sur les trois écrans met en évidence les routines et les codes sociaux, tandis que le symbolisme de la mise en scène (la robe rouge, les gestes de la mère bordant sa fille, lui lavant le dos, etc.) renforcent la proximité entre réalité et fiction.

Bibliographie

Caroline Nicod, Emmanuelle Antille. Family Viewing, cat. exp. Bienne, Centre PasquArt, 2008.

Emmanuelle Antille, Jean-Luc Manz et Franz Treichler, Emmanuelle Antille. Angels Camp, cat. exp. Venise, Pavillon suisse, 50e Biennale de Venise, Amsterdam, Artimo Foundation, Berne, Office fédéral de la culture, 2003.

Michel Ritter et Beatrix Ruf, Emmanuelle Antille. Kiss and Shoot, Amsterdam, Artimo Foundation, 2001.