Edgar Degas
Blanchisseuses et chevaux, vers 1904

  • Edgar Degas (Paris, 1834 - 1917)
  • Blanchisseuses et chevaux, vers 1904
  • Pastel, fusain et estompe sur papier-calque collé sur carton, 84,2 x 107,4 cm
  • Legs d’Henri-Auguste Widmer, 1936
  • Inv. 333
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Deux blanchisseuses sont en route pour la livraison du linge à un client. Mais pourquoi se faufilent-elles entre deux chevaux dans une cour d’écurie boueuse ? Pourquoi l’une d’entre elles semble-t-elle étriller une croupe au passage ? Cette situation incongrue est moins le fruit d’une imagination narrative que la preuve que Degas, à septante ans, se préoccupe moins de témoigner du réel que d’explorer des questions formelles. Tout à la fin des années 1850, il se met à remplir des carnets de chevaux croqués sur le vif. On a expliqué cette prédilection pour les équidés par ses nombreux séjours dans l’Orne, département français réputé pour ses haras et ses champs de course. Quant aux blanchisseuses, Degas observe et note leurs attitudes à la fin des années 1870. Au même moment apparaît dans son œuvre la pratique de la reprise d’éléments et de la variation autour d’un même motif, ainsi que du collage de deux sujets observés séparément.

Ce pastel et fusain réalisé vers 1904 rappelle une huile sur toile de 1879, Blanchisseuses portant du linge (coll. privée), et plusieurs dessins au fusain. Plutôt qu’un récit, c’est la recherche d’un équilibre dynamique dans la composition et d’une élégance sculpturale dans les formes qui guide Degas. Grâce notamment aux traits de fusain énergiques, amples et répétés, cette œuvre acquiert une monumentalité qui évoque les frises du Parthénon. La surface lisse du papier-calque, parcourue de lignes, hachures, zigzags et tourbillons de pastel, favorise des expériences colorées très libres, caractéristiques des travaux tardifs de l’artiste.

La combinaison de deux motifs de nature différente, la modification du format en cours de travail, qui a été obtenue ici non pas par l’habituel ajout d’une bande de papier mais en dépliant la partie inférieure de la feuille, ainsi que ses très grandes dimensions font de ce pastel une œuvre exceptionnelle.

Bibliographie

Line Clausen Pedersen, Degas’ Method, cat. exp. Copenhague, Ny Carlsberg Glyptotek, 2013, p. 113.

 

Martin Schwander (éd.), Edgar Degas. The Late Work, cat. exp. Riehen, Fondation Beyeler, Ostfildern, Hatje Cantz Verlag, 2012, p. 211.

 

Henri Loyrette, Jean Sutherland Boggs et alii, Degas, cat. exp. Paris, Galeries nationales du Grand Palais, Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada, New York, The Metropolitan Museum, Paris, Édition de la Réunion des musées nationaux, 1988, p. 603, n°389.

 

Richard Thomson, The Private Degas, cat. exp. Manchester, Whitworth Art Gallery, Cambridge, Fitzwilliam Museum, Londres, Arts Council of Great Britain and The Herbert Press Limited, 1987, p. 104, n°135.