Bibliographie
Matthias Frehner et Simon Oberholzer (éd.), Rolf Iseli. Zeitschichten/Les strates du temps, cat. exp. Berne, Kunstmuseum, Bielefeld, Kerber Art, 2009, n° 68.
Julie Enckell,, « E wiuede siech, 1976 » in Dominique Radrizzani (dir.), L’attrait du trait : dessins anciens et modernes de la collection, Les Cahiers du Musée des Beaux-Arts de Lausanne, no 11, 2001, p. 100, cat. 61.
Erika Billeter, Silvia Blatter et alii, Rolf Iseli, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, 1990.
Iseli rencontre le succès au milieu des années 1950 avec des toiles où la technique picturale et l’énergie physique se constituent en objet de la peinture. Il crée sa première toile tachiste en 1954 et participe, en Suisse, au développement de l’art informel qui se répand alors à travers l’Europe, suivant de peu l’expressionnisme abstrait américain.
En 1966, Iseli cesse de peindre à l’huile et renonce à la toile au profit du papier, un support fragile qui peut être plié, déchiré, malmené. Suit un temps de recherches qui lui permet d’aboutir, au début des années 1970, à un équilibre entre figuration et expression pure. Il prend alors pour sujet l’homme et son environnement, mais sans nostalgie pour un lien à la nature qui serait perdu. Cette évolution fait suite à l’expérience de la plantation d’une vigne en 1971 à Saint-Romain, en Bourgogne, sur un domaine acquis dix ans plus tôt et où il travaille la moitié de l’année. Caractéristique par l’utilisation de matériaux naturels (terre, paille, plumes, feuilles, etc.), cette œuvre appartient à une série sur le thème de L’homme du jonc : une silhouette masculine, l’ombre de l’artiste masquée par une gerbe de roseaux séchés, y est pleinement assimilée à la surface peinte. Cette ombre, qui se projette sur la feuille comme sur le sol, est une image de l’homme.
Ici, la représentation traduit l’expérience d’un moment presque mystique. L’homme, dépourvu de toute identité, est en symbiose avec son milieu naturel. Son corps rayonnant de bleu est amalgamé à la gouache orange et à la terre ocre. La puissance de ses gestes labourant la gouache fait surgir des coulures incontrôlables, des traits nerveux dans des directions opposées. Les commentaires en différentes langues inscrits au fur et à mesure de l’exécution, essentiellement dans la marge de droite, transcrivent le flux de la pensée de l’artiste.