Bibliographie
Catherine Chevillot (dir.), Oublier Rodin ? La sculpture à Paris, 1905-1914, cat. exp. Paris, Musée d’Orsay, Madrid, Fundacion Mapfre, 2009.
Paul-Louis Rinuy, « La collection de sculptures modernes du docteur Henri-Auguste Widmer », in Catherine Lepdor et Jörg Zutter (dir.), La collection du Dr Henri-Auguste Widmer au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, 1998, p. 67-79.
Gustave Kahn, Charles-Albert Despiau : 1874-1946, collections du Musée municipal de Mont-de-Marsan, cat. exp. Mont-de-Marsan, Musée municipal, 1982.
Après des études à l’École des beaux-arts de Paris, Despiau est engagé comme praticien par Auguste Rodin, de 1907 à 1914. Collaborateur, et non disciple, il ne s’inspire pas de l’art du maître, préférant diriger son regard vers les formes classiques, et plus particulièrement vers l’art antique, qu’il découvre dans les musées parisiens.
Despiau est l’un des portraitistes les plus importants de son temps. L’artiste exécute des portraits de commande, mais aussi des bustes pour son propre compte. Il sculpte ainsi les visages de ses proches – privilégiant les têtes féminines –, et ceux d’épouses d’amis peintres ou de critiques d’art. Le Musée conserve deux œuvres de ce dernier groupe : le Buste de Madame Léopold-Lévy (1923) et ce Buste de Madame André Derain (1926).
Ici, comme dans la plupart des têtes qu’il réalise en s’inspirant des portraits féminins antiques, Despiau réunit les cheveux de son modèle en chignon à l’arrière de la tête, afin de mettre en valeur l’expression sereine et l’intériorité de ce visage aux yeux clos. Les formes pleines, les traits réguliers, la douceur, le calme et l’équilibre qui émanent de ce portrait sont caractéristiques de son art. Le grain relativement grossier de la pierre accentue le caractère archaïsant de l’œuvre.
Si la version en pierre du Buste de Madame André Derain n’a été achevée qu’en 1926, le modèle en a été conçu quelques années plus tôt. Il fut exposé en 1923 dans une version en bronze, et ce au Salon des Tuileries, manifestation inaugurée cette même année et dont Despiau est l’un des membres fondateurs aux côtés des sculpteurs Aristide Maillol et Émile-Antoine Bourdelle, deux autres représentants du classic revival des années 1920.