Bibliographie
Catherine Lepdor (dir.), Eugène Grasset. L’art et l’ornement, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, 5 Continents Editions, 2011.
Anne Murray-Robertson, Grasset : une certaine image de la femme, cat. exp. Gingins, Fondation Neumann, Milan, Skira, 1999.
En 1896, Grasset réalise pour le magasin de confection La Belle Jardinière un calendrier dont il expose les aquarelles originales au Salon de la Société nationale des beaux-arts. L’artiste avait déjà illustré un calendrier commercial pour le magasin Au Bon Marché en 1886, et il réitérera l’exercice en 1904 pour La Belle Jardinière, cette fois avec un calendrier dit des Saisons. Ces éphémérides distribuées aux caisses des magasins lui sont chères, car elles réalisent son idéal d’un art populaire largement diffusé, œuvrant à la formation du goût.
Grasset milite en faveur d’une modernité solidement ancrée dans l’art du passé, mais qui prenne « des forces nouvelles au contact de la nature ». Les planches du calendrier de 1896 sont gravées sur bois, technique ancienne, et imprimées en chromotypographie, technique moderne. Chaque feuille établit des liens entre le temps linéaire de l’agenda et le temps cyclique des saisons. Les fleurs saisonnières sont associées aux symboles zodiacaux. Les figures féminines opèrent la fusion de modèles photographiées dans l’atelier et d’allégories empruntées aux Iconologies des XVIe (Cesare Ripa) et XVIIIe siècles (Gravelot et Cochin).
Réclames pour un commerce de vêtements, les jardinières de Grasset promeuvent bien sûr l’élégance. La robe de l’arroseuse du mois de juillet, avec sa jupe s’évasant en cloche et ses manches à gigot caractéristiques de la mode des années 1890, est taillée dans un tissu imprimé bleu se rattachant à la tradition des indiennes. L’artiste l’orne d’un semis de motifs dérivés du signe astrologique du lion et il propose de l’assortir d’une collerette blanche, d’une étole jaune et de petits souliers rouges.