Hendrik Voogd
Campagne romaine sous un ciel d’orage, vers 1800

  • Hendrik Voogd (Amsterdam, 1768 - Rome, 1839)
  • Campagne romaine sous un ciel d’orage, vers 1800
  • Huile sur toile, 118,5 x 112,8 cm
  • Acquisition avec un crédit extraordinaire de l’État de Vaud, le soutien des Amis du Musée et de la Loterie romande, 1999
  • Inv. 1999-004
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Natif d’Amsterdam où il se forme à l’Académie municipale des beaux-arts, Voogd accomplit toute sa carrière à Rome où il s’établit définitivement dès l’âge de vingt ans. Là, il fréquente les paysagistes allemand Johann Christian Reinhart et autrichien Joseph Anton Koch, et le Français Nicolas-Didier Boguet. Tout comme ces derniers, il recrute sa clientèle parmi l’aristocratie internationale de passage à Rome dans son périple du Grand Tour. Ses toiles, parfois monumentales, séduisent par une composition équilibrée en plans parallèles, par un dessin d’une grande clarté, ainsi que par une palette froide et lumineuse. Elles lui vaudront d’être surnommé « le Claude Lorrain hollandais », ce maître étant de fait un de ses principaux modèles. Très vite ses paysages de la campagne romaine se vendent à prix d’or, et l’artiste consolide sa réputation en diffusant son œuvre par la lithographie.

D’essence néo-classique, l’art de Voogd connaît autour de 1800 une évolution discrète, mais sensible, qui explique l’intérêt dont bénéficie aujourd’hui ce peintre. Ainsi, Campagne romaine sous un ciel d’orage le montre réceptif aux germes du romantisme dont l’esprit se répand dans toute l’Europe. La peinture de paysage, jusqu’alors porteuse d’une vision claire et harmonieuse de l’univers, véhicule des contenus nouveaux : elle exprime les sentiments individuels, elle traduit les grands bouleversements qui marquent une époque entraînée dans les guerres engendrées par la Révolution française. C’est de cette perte des repères, et des inquiétudes partagées par une génération désemparée que nous parle aussi ce tableau, avec les motifs de l’arrivée de l’orage, des grands arbres exposés au vent ou déracinés au sol en bordure d’un gouffre. Le ciel de l’Arcadie s’est assombri. Des nuages noirs arrivent qui cachent le soleil et plongent progressivement le premier plan dans une obscurité lourde de menaces.

Bibliographie

Frédéric Elsig, Peintures des écoles du Nord (XVIe-XVIIIe siècles), Les Cahiers du Musée des Beaux-Arts de Lausanne n°16, 2007.

J. Bruyn Kops, « Hendrik Voogd, Nederlands Landschapschilder te Rome (1768-1839) », Nederlands Kunsthistorisch Jaarboek, n° 21, 1970, p. 319-369.