Bibliographie
Catherine Lepdor (dir.), Eugène Grasset. L’art et l’ornement, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, Editions 5 Continents, 2011.
Dominique Radrizzani et Julie Enckell (dir.), L’attrait du trait. Dessins anciens et modernes de la collection. Les Cahiers du Musée des Beaux-Arts de Lausanne n°11, 2001, n° 35.
Anne Murray-Robertson, Grasset. Pionnier de l’Art nouveau, Lausanne, Éditions 24Heures et Bibliothèque des Arts, 1981.
La décision de la Ville de Lausanne de doter la promenade de Montbenon d’un point d’eau fait suite à l’édification, sur la colline éponyme, d’un bâtiment de prestige, le Tribunal fédéral (aujourd’hui Tribunal d’arrondissement), dont le chantier débute en 1881.
Grasset travaille sur l’idée du partage des eaux et propose une figure allégorique de la Justice au pied de laquelle des vasques et des bassins superposés permettraient le déploiement d’un propos symbolique complexe: « L’idée repose sur la distribution du régime des eaux en Suisse. Ainsi les huit ouvertures supérieures seraient l’emblème des huit principales rivières de second ordre, choisies autant que possible de façon à représenter les régions principales du pays. […] Au bassin circulaire supérieur seraient quatre ouvertures représentant par des têtes d’animaux les quatre plus grandes rivières […] par exemple: l’Aar, la Reuss, la Thièle et la Limmat. Enfin quatre animaux caractéristiques des quatre régions représentées par le partage général des eaux lanceraient des jets dans les bassins rectangulaires inférieurs. Ce seraient le Rhin, le Rhône, le Tessin et l’Inn. »
L’artiste développe ici une ornementation riche, reposant sur des éléments végétaux fortement stylisés et sur des figures animalières empruntant aux styles médiéval et égyptien. Nombre de ses créations parisiennes du début des années 1880 témoignent de cette inspiration historiciste, du mobilier de la demeure de Charles Gillot à l’illustration des Quatre Fils Aymon.
Le projet de Grasset ne sera pas retenu. La fontaine Dapples, édifiée en 1886 au départ de l’allée Ernest-Ansermet, est l’œuvre de Benjamin Recordon, architecte en charge de la construction du Tribunal fédéral.