Bibliographie
Rainer Michael Mason, Franz Gertsch. Visages paysages, livret d’exp. Vevey, Musée Jenisch Vevey – Cabinet cantonal des estampes, 2017.
Andrea Firmenich et Johannes Janssen (éd.), Franz Gertsch. Holzschnitte. Aus der Natur gerissen, cat. exp. Bad Homburg, Museum Sinclair-Haus, Cologne, Wienand, 2013.
Rainer Michael Mason (éd.), Franz Gertsch. Large-scale Woodcuts/Xilografías monumentales, cat. exp. Genève, Cabinet des estampes du Musée d’art et d’histoire, 1990, p. 66-67, cat. 10.
Les premières peintures de Gertsch peuvent être considérées à la lumière du Pop Art : compositions tirées de photographies, réduction des figures à des silhouettes, absence de détails, simplification des formes et aplats de couleurs. Au tournant des années 1970, l’artiste matérialise au contraire la précision de l’image photographique en peignant avec une minutie telle que ses tableaux semblent, à distance, « plus réels » que le réel. Ces grands formats, d’après des photographies souvent prises par Gertsch lui-même, racontent une époque à travers des portraits d’artistes et des scènes de genre.
En 1986, alors qu’il cherche de nouvelles solutions picturales, Gertsch réalise ses premières xylographies selon une technique qu’il vient de mettre au point : il appuie sur la planche de bois avec un gouge-couteau de manière à obtenir un modelé de l’image-source aussi nuancé que possible grâce à des milliers de petits points plus ou moins profonds. L’image originale est projetée sur la matrice qui est recouverte d’une fine couche de teinture bleue permettant à l’artiste de suivre la progression de son travail en visualisant chaque marque grâce au trou laissé. La surface demeurée en relief sera encrée et imprimée, alors que le pointillé en creux sera traduit en réserve (le blanc du papier).
Gertsch prépare lui-même ses encres à partir de pigments purs achetés à Kyoto et commande son papier auprès de l’un des meilleurs fabricants japonais, Heizaburo Iwano. L’impression manuelle de chaque estampe au moyen de lentilles de grosses loupes est délicate et requiert la collaboration de plusieurs personnes, dont l’artiste. Chacune des dix-huit épreuves formant l’édition de Doris est tirée dans une teinte différente selon trois sous-groupes chromatiques. Cette feuille appartient à une déclinaison de gris, ici avec une touche de sépia – un pigment inspiré de la couleur de cendres. Chaque variante possède ainsi sa propre aura, mais toutes délivrent une extraordinaire sensation tactile et ouvrent à une nouvelle perception de l’image.