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La collectionBibliographie
Nicola von Velsen, « Ein Gespräch mit Leiko Ikemura », in Leiko Ikemura, cat. exp. Arnsberg, Sauerland-Museum Arnsberg, Cologne, DuMont, 2010, p. 28-41.
Eva Scharrer, « Grenzgänger im Zwischenraum – zu den Horizontbildern von Leiko Ikemura », in Hortensia von Roda (éd.), Leiko Ikemura : Tag, Nacht, Halbmond/Day, Night, Half Moon, cat. exp. Schaffhouse, Museum zu Allerheiligen, Sturzenegger-Stiftung, Zurich, Scheidegger & Spiess, 2008, p. 207-221.
Barbara Weidle, « Interview de Leiko Ikemura », in Leiko Ikemura. Les Années lumière – Lichtjahre, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, Skira, 2001, p. 82-98.
Dès le début des années 1990, Ikemura opère un tournant dans sa pratique picturale. L’expressivité de ses premières peintures fait place à une plus grande retenue : plages de couleur à la luminosité presque transparente, paysages entre mer et montagne où flottent, marchent, se couchent ou plongent des figures de fillettes à la frontière entre le monde des vivants et celui des esprits.
Dans Eintauchen (Plonger), une fillette chute doucement, ou plonge comme l’indique le titre du tableau, depuis une ligne d’horizon très haut placée jusqu’au centre inférieur de la toile, les deux bras repliés autour du visage, les yeux mi-clos, dans une position proche du sommeil. Elle est étrangement désincarnée – ses jambes ne sont pas visibles sous son habit pourtant transparent, ni ses pieds qui permettraient de la réancrer sur terre. Son buste et sa tête se détachent sur un fond très sombre, tandis que sa jupe bleue flotte au-dessus d’elle, laissant transparaître le jaune de la ligne d’horizon, et créant ainsi deux plans sur la toile : l’espace de la figure, entre noirceur nocturne et opacité du monde marin d’une part, et l’ailleurs évoqué par la ligne lumineuse et vibrante de l’autre. Cette ligne d’horizon peut à son tour se lire comme une ligne de partage, un seuil entre mer et ciel, entre chute et élévation, entre l’ici et l’au-delà, entre deux états de l’être, ce que vient souligner également le flottement de la figure. Bien que le buste et la tête de la fillette soient en dessous de la ligne, sa jupe y est mêlée et s’envole au-delà ; la figure est donc liée aux deux mondes, et les traverse avec aisance. Interrogée en 2001 sur cet horizon si présent dans ses toiles, Ikemura constate : « L’horizon se révèle certes à nous tel une ligne, mais celle-ci n’existe pas. Et pourtant, c’est la ligne la plus belle. Elle représente à la fois notre lien à la terre et la nostalgie de l’infini. »