Bibliographie
Terrie Sultan et Richard Shiff, Chuck Close. Prints : Process and Collaboration, cat. exp. Houston, Blaffer Gallery, the Art Museum of the University of Houston, Princeton, Princeton University Press, 2003.
Chuck Close et Jacqueline Brody, « Chuck Close : Innovation Through Process : An Interview », On Paper, vol. 2, no 4, mars-avril 1998, p. 18-16.
Linda Chase, « L’Hyperréalisme américain. Peintures et sculptures », Le Monde des Grands Musées, no 2, mars-avril 1973, p. 7-75.
L’œuvre de Close est représentative de la peinture hyperréaliste qui se développe dans les années 1970. La photographie y joue un rôle important : en réalisant des clichés qu’il reproduit fidèlement à grande échelle, l’artiste choisit un sujet et un cadrage génériques (des portraits de proches ou de lui-même, pris de face, en gros plan, avec le cou et le haut du décolleté légèrement visibles) sans chercher à faire un usage créatif du médium. Il peut ainsi peindre en évitant de faire poser un modèle. Il n’est de toute façon pas intéressé à déployer un répertoire d’attitudes singulières. Il veut, au contraire, écarter toute subjectivité : d’une part il ne traduit pas une impression directe ni ne manifeste d’empathie avec son sujet mais garde ses distances avec lui, et d’autre part il fait preuve d’un style aussi inexpressif que possible en traitant avec précision le moindre détail, des défauts de la peau aux poils.
Dans les années 1980, Close explore de nouvelles manières de restituer ces portraits à la réalité troublante de loin, alors qu’ils se défont et révèlent leur supercherie technique de près. Emily/Fingerprint fait partie de cette période. Pour cette eau-forte, l’artiste a apposé les empreintes de son pouce et de son index sur une feuille de papier carbone afin de les transférer sur la matrice qui multipliera l’image. Cette technique ne répond pas au besoin d’introduire un élément personnel dans l’œuvre, mais à celui de trouver un système mécanique de marques. Les doigts de l’artiste sont les unités de mesure qui déterminent la dimension du portrait. Il les presse intégralement ou partiellement, plus ou moins fort, ou encore les juxtapose ou les éparpille, afin d’obtenir une variété de nuances. Cette estampe a été exécutée en contrepartie d’un dessin à l’encre du même sujet. Chaque médium offre une autre expérience visuelle, en fonction de sa spécificité matérielle.