Bibliographie
Karim Noureldin et Christina Végh (éd.), Karim Noureldin, Nuremberg, Verlag für moderne Kunst, 2013, p. 137.
Stefan Gronert, Zeichnung Heute V. Katja Eckert, Karim Noureldin, Sandra Peters, cat. exp., Bonn, Kunstmuseum Bonn, 2007.
Madeleine Schuppli (éd.), Karim Noureldin, cat. exp. Thoune, Kunstmuseum Thun, 2000.
Après une période au cours de laquelle il crée des dessins à la mine de graphite sur de très grandes feuilles ou sur une multitude de petites feuilles venant recouvrir un espace architectural, Noureldin se tourne vers la couleur. En 2006, il débute ainsi une série de dessins qu’il intitule Evo pour « évolution ». Elle comprend trois types de formats verticaux, dont nous avons ici un exemple des dimensions moyennes.
Suivant une approche performative, l’artiste développe des configurations géométriques dans l’espace du papier sans esquisse préalable. Au moment de dessiner, il n’y a plus de place pour la pensée. Toutes les recherches menées jusqu’alors se concentrent dans un geste intuitif. Noureldin se donne un rythme de travail et laisse émerger les formes sans savoir ce qui va advenir d’elles. La fonction prospective du dessin aboutit à des dessins précis et finis – aucun trait n’est hésitant – et non à des pochades. L’économie de moyens propre au dessin convient particulièrement à ce type de démarche processuelle, comme le montre l’histoire du médium depuis les années 1970. Les dessins de Noureldin ne sont pas le fruit d’un élan unique mais de plusieurs étapes de travail, à l’issue desquelles il juge de leur qualité et les classe en fonction de leur réussite.
Dans cette œuvre, aux teintes camaïeu, l’artiste a sectionné la largeur de la feuille avec des obliques. Les surfaces ainsi créées sont traitées avec des hachures, dans des directions opposées, au crayon de couleur rouge, rose pâle et rose fluo. Le jeu dynamique de formes irrégulières vibre bien plus qu’il n’y paraît de loin. La perception figure-fond est troublée par la découpe de la feuille en facettes, qui produit des triangles en réserve : on voit autant les motifs colorés se détacher du support que les fragments blancs surgir au premier plan.