Edgar Degas
Femme se frottant le dos avec une éponge, torse, années 1880-1890

  • Edgar Degas (Paris, 1834 - 1917)
  • Femme se frottant le dos avec une éponge, torse, années 1880-1890
  • Bronze, 43,5 x 25,5 x 17 cm
  • Legs d’Henri-Auguste Widmer, 1936
  • Inv. 59
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

À la mort de Degas, le 27 septembre 1917, quelque cent cinquante sculptures, essentiellement en cire et en terre, sont retrouvées dans son atelier. Femmes au bain, danseuses, chevaux… autant de thèmes explorés par l’artiste dans sa peinture et ses dessins. Ses sculptures par contre sont inconnues du public, à l’exception de la Petite danseuse de 14 ans, présentée à l’exposition impressionniste de 1881.

Fin 1917, les héritiers de Degas décident de procéder à la fonte de ces œuvres, contrevenant aux souhaits de l’artiste si l’on en croit ses propos rapportés par le critique d’art François Thiébault-Sisson dans Le Temps du 11 août 1931 : « C’est pour ma seule satisfaction que j’ai modelé en cire bêtes et gens […] on ne verra jamais ces essais, nul ne s’avisera d’en parler. […] D’ici ma mort, tout cela se sera détruit de soi-même, et cela vaudra mieux pour ma réputation. » Un contrat d’édition est signé avec le fondeur Adrien-Aurélien Hébrard le 13 mai 1918. Plus de septante sculptures sont sélectionnées puis restaurées par le sculpteur Albert Bartholomé avant d’être coulées, exposées et vendues chez Hébrard à Paris en 1921.

Femme se frottant le dos avec une éponge, torse occupe une place à part dans ce corpus. Degas choisit de procéder au moulage en plâtre d’une pièce travaillée dans l’argile, souhaitant conserver – et peut-être plus tard montrer – un état accompli de sa recherche. Il combine deux morceaux de corps, d’échelles sensiblement différentes, travaillés indépendamment l’un de l’autre et superposés. Alors que le bras gauche est traité comme un fragment, la tête semble avoir été arrachée avant le moulage, une manière nouvelle de composer avec la mutilation, qui ne vient plus seulement rejouer la citation du vestige archéologique. La combinaison de fragments sculptés dessine des affinités avec l’œuvre d’Auguste Rodin qui a exposé des torses et des têtes comme des sculptures complètes.

Bibliographie

Suzanne Glover Lindsay, Daphne S. Barbour et Shelley G. Sturman, Edgar Degas sculpture, Washington, D.C., National Gallery of Art, 2010.

Richard Kendall (dir.), Degas Beyond Impressionism, cat. exp. Londres, The National Gallery, Chicago, The Art Institute, 1996-1997.

Anne Pingeot, Degas sculpteur, Paris, Imprimerie Nationale, RMN, 1991.