Bibliographie
Thérèse Burollet, Bartholomé. La redécouverte d’un grand sculpteur, Paris, Arthena, 2017, n° S. 69/C.
Paul-Louis Rinuy, « La collection de sculptures modernes du docteur Henri-Auguste Widmer », in Catherine Lepdor et Jörg Zutter (dir.), La collection du Dr Henri-Auguste Widmer au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, Skira, 1998, p. 67-79, n° 126.
La présence à ses côtés de Florence Letessier, seconde épouse de Bartholomé, renouvelle l’inspiration de l’artiste, suscitant en lui une nouvelle vision de la femme qui allie expression d’une beauté à la fois calme et lumineuse et réalisme charnel. Le sculpteur s’inspire ainsi de son visage pour préciser les traits, pourtant finalement cachés, de la femme entrant par la porte centrale de son Monument aux morts pour le cimetière du Père-Lachaise à Paris (1899) ou pour sculpter la figure centrale, les yeux clos, du Monument à Jean-Jacques Rousseau (1910). Il la fait aussi poser dans son atelier pour modeler les corps de ses baigneuses. Grâce à elle, Bartholomé retrouve également le goût du portrait.
Ce marbre blanc finement veiné de gris appartient à une série de têtes idéalisées, sculptées entre 1917 et 1919. Empreinte de mystère, cette face aux yeux mi-clos s’inscrit dans la tradition symboliste. Elle évoque les visages silencieux des femmes peintes par Ferdinand Khnopff, mais aussi la sérénité des bodhisattvas hindous ou japonais que Bartholomé admirait beaucoup.
Dans ces pièces un peu énigmatiques, le sculpteur recherche à la fois la pureté de la ligne et l’intériorité de la pensée. Il exprime ici, à sa manière, la compassion qu’il éprouve pour la mélancolie de son épouse dont le jeune frère, sous-lieutenant, est mort au combat le 19 juin 1915. Dans la revue Art et décoration de juillet 1914, le critique Louis Hourticq écrira à propos de ce portrait qu’il « est si subtil que l’on devine le battement de l’œil sous la paupière et le souffle léger des lèvres entr’ouvertes ».