Robert Breer
Form Phases IV, 1954

  • Robert Breer (Détroit, 1926 - New York, 2011)
  • Form Phases IV, 1954
  • Film 16 mm, couleur, non sonore, transféré sur support digital, 4'55''
  • Don de Kate Flax et gb agency, 2019
  • Inv. 2019-078
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

En 1949, tout juste diplômé de la Stanford University, Breer s’installe à Paris afin de poursuivre une carrière de peintre. Il développe alors un style s’inscrivant dans la tendance de l’art concret, et expose régulièrement chez Denise René. La galerie de celle-ci fédère de nombreux artistes de l’abstraction géométrique, dont certains ouvriront la voie à l’art cinétique.

Breer vient à l’image en mouvement par le biais des flipbooks: une ou plusieurs formes sont dessinées sur les pages successives d’un carnet avec à chaque fois une variation, de manière à créer l’illusion de leur métamorphose en le feuilletant – c’est le principe même du film d’animation. En 1952, l’artiste emprunte à son père, cinéaste amateur, l’une de ses caméras pour réaliser ses premiers essais. Il filme une par une des diapositives sur lesquelles il a dessiné. Il s’agit de Form Phases, premier d’une série éponyme de quatre films créés entre 1952 et 1954.

Form Phases IV représente parfaitement la transition alors en cours chez Breer entre la peinture et le film. Des formes en couleurs et des lignes noires s’animent, se suivent, se transforment, se juxtaposent, surgissent dans l’image et en ressortent aussitôt, sur un arrière-plan lui-même constitué de pièces géométriques colorées et dynamiques. Le mouvement devient un véritable élément de composition, de même que le rapport entre fond et forme. Form Phases IV rend hommage notamment au pionnier Rhythmus 21 (1921) de Hans Richter.

Form Phases IV sera présenté en 1955 à la galerie Denise René, en relation avec des peintures de l’artiste. Cette phase d’expérimentation avec l’image conduira Breer à abandonner la peinture au profit de ce nouveau médium – par intérêt, mais aussi en raison de la réception enthousiaste accordée à ses films plus qu’à ses peintures –, et, dès le début des années 1960, à créer des sculptures qui se déplacent.

Bibliographie

Vincent Deville, Les formes de montage dans le cinéma d’avant-garde, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014, p. 200-202.

Scott MacDonald, «Robert Breer», in A Critical Cinema 2. Interviews with Independent Filmmakers, Berkeley/Los Angeles/Oxford, University of California Press, 1992, p. 17-21.

Guy L. Coté, «Interview with Robert Breer», Film Culture, no 27, 1962/1963, p. 17-20, disponible en ligne: http://www.ubu.com/papers/cote_guy-breer_interview.html.