Don Hazlitt
Grave, 1997

  • Don Hazlitt (Stockton, 1948)
  • Grave, 1997
  • Huile sur toile, 30,8 x 36,3 cm (avec cadre)
  • Don de Jean-Paul Jungo, 2002
  • Inv. 2002-003
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Cette peinture a été réalisée par Hazlitt lors d’un séjour à Cadaquès, en 1996, dans le cadre de la résidence d’artistes Nota Bene. Elle fait partie d’une série de petits formats aux couleurs vives influencée par l’atmosphère méditerranéenne de la Costa Brava. Hazlitt est un peintre abstrait que l’on pourrait qualifier de « baroque » en raison de la surcharge visuelle de ses toiles. Il assemble les matériaux les plus divers, à l’instar de son ami Richard Tuttle, créant des peintures proches d’objets.

Dans la petite ville espagnole rendue célèbre par les nombreux artistes qui y ont séjourné (Salvador Dalì en premier lieu), Hazlitt retrouve un certain classicisme influencé par la période « métaphysique » de Giorgio de Chirico (années 1910) et par les différentes tendances du retour à l’ordre des années 1920, dont le purisme. Il est aussi inspiré par le Fernand Léger rationaliste de l’après-guerre et par l’organisation spatiale du Joan Miró des années 1917-1922. L’esprit de rigueur qu’il en tire se relève dans sa peinture, mais également dans le cadre, réalisé à partir de plusieurs morceaux de bois brut badigeonnés de peinture blanche, qui constitue une sorte de fenêtre sur un fragment de réalités antagonistes. Ce petit tableau est très habilement construit : s’y déploie un jeu illusionniste entre formes géométriques planes (le grand rectangle noir) et tentatives de mise en espace (les plis du « rideau »), formes abstraites et organiques (une cacahuète ?), lignes horizontales et verticales, peinture (le « ticket » orange) et sculpture (le « marbre » blanc). Dans cette mise en scène d’incongruités, tout est ramené au plan du tableau. La tombe évoquée par le titre et sans doute représentée par la forme noire est littéralement la pierre d’angle de la composition et participe à l’impression générale de « gravité » sereine.

Bibliographie

François-Yves Morin, « Don Hazlitt : dimension de la subjectivité », dans Opus international, no 103, hiver 1987, p. 20-21.

Don Hazlitt, cat. exp. Toulon, Musée de Toulon, 1982.

Bernar Venet, « Les nouvelles images de la peinture américaine », dans Art Press, no 28, mai 1979, p. 6-13.