Bibliographie
Bernard Fibicher, Catherine Lepdor et alii, Peinture. Alex Katz & Félix Vallotton, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, 5 Continents, 2013, p. 29.
Carter Ratcliffe, Robert Storr et alii, Alex Katz, Londres, Phaidon Press, 2005.
Éric de Chassey (dir.) Corps social, cat. exp. Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts, Paris, 1999, p. 52.
Dans le sillage du Pop Art, Katz conçoit une peinture figurative faisant la part belle aux portraits et aux paysages. Il décompose ses sujets en de larges masses de couleur, enrichies de quelques détails soignés, avec un style lisse et neutre.
Ici, une croix en bois foncé, légèrement décentrée, est placée derrière un cadre en osier tressé (peut-être le dossier d’une chaise ou d’un banc), dont le bord gauche longe celui de la peinture et dont un ornement fin et régulier constitue le centre. Au premier plan, devant la croix et le cadre en osier, est inscrit le portrait d’une femme en buste, au regard oblique. Elle porte une blouse noire et une veste brune, et est coiffée – là est l’élément qui fait la particularité de ce portrait et donne son titre au tableau – d’un fichu vert. La scène est située dans la nature : on aperçoit un pré vert avec une ligne d’horizon très haute et, au-delà, une bande turquoise qui évoque plutôt l’eau que le ciel. La nature se retrouve également dans le tissu imprimé de fleurs aux pétales blancs.
Si les ombres sur le visage et le cou sont extrêmement simplifiées, l’artiste établit en revanche un jeu subtil de correspondances formelles entre les sourcils de la femme, les tiges des fleurs et le treillage en osier, les plis et détails de son veston. Ce portrait anonyme tout en contrastes harmonieux de couleurs froides (vert-bleu) et chaudes (jaune-ocre-brun) a quelque chose d’intemporel. Les yeux de cette femme perdus dans le lointain lui donnent un aspect mélancolique, comme si elle cherchait une issue au cadrage (à la mise au carreau) imposé par le peintre. L’inscription d’une figure dans une construction précise ne tiendrait-elle pas de Piero della Francesca, artiste vénéré par Katz, de même que l’expressivité à la fois minimale et majestueuse de la femme au fichu vert ?