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La collectionBibliographie
Erika Billeter (dir.), Chefs-d’œuvre du Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne. Regard sur 150 tableaux, Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, 1989, p. 302-303.
Erika Billeter, Luciano Castelli. Ein Maler träumt sich/A Painter Who Dreams Himself, Berne, Benteli, 1986, p. 22.
À l’instar d’Urs Lüthi, lui aussi Lucernois d’origine, Castelli commence sa carrière au début des années 1970 en mettant en scène son corps dans des performances et des autoportraits grimés. De nombreuses photographies le montrent dans différents rôles, poses et tenues, le plus souvent outrageusement fardé et accoutré d’accessoires attribués au féminin. Il s’inspire de la culture glam rock qui diffuse un style androgyne et extravagant incarné par David Bowie et Lou Reed. La notion de beauté, la liberté d’être et les stéréotypes identitaires sont des questions essentielles pour Castelli.
L’artiste peint aussi à partir de ses photographies. L’aquarelle Haarzupfer (« Plumer les cheveux ») de la série des Glitter Pictures dévoile sa fascination pour la transsexualité. Bottes à talons, maquillage, longue chevelure, Castelli se présente sous les traits de son alter ego Lucille. La verticalité du support répond à la silhouette élancée du personnage, et le place face au public quasi en grandeur nature. La présence affirmée de Lucille est marquée par ses jambes écartées et ses bras en l’air, nouant ses mèches bleues, ainsi que par sa position de trois quarts. Son envergure est telle que son corps déborde de l’image. Le support est constitué de sept feuilles de papier. Certaines ont été pliées ou froissées et l’une a été découpée pour simuler le bord inférieur du débardeur scintillant.
Le visage joyeux de Lucille et son corps épanoui expriment son plaisir d’être. La fantaisie des matériaux utilisés le clame également : le treillis du pantalon est réalisé en colle à paillettes roses, l’entrejambe est couvert de plumes, les bottes dorées sont rehaussées de fleurs séchées, les paupières de feuille d’or, etc. Castelli peint avec une vivacité encore légère qui annonce le style expressionniste qu’il développera à Berlin à la fin des années 1970, au contact des Neue Wilde (Nouveaux Fauves).