Bibliographie
Yves Aupetitallot et Catherine Lepdor (éd.), g.p. 1.2.3. Le salon international de galeries-pilotes à Lausanne 1963 1966 1970/The International Show of Pilot Galleries at Lausanne 1963 1966 1970, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, 2002, no 2.
René Berger, 2e Salon international de galeries-pilotes : artistes et découvreurs de notre temps, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, 1966, p. 44-45.
En 1952, Breer commence à réaliser des films parallèlement à sa pratique de la peinture. Le premier d’entre eux, Form Phases I, témoigne de son intérêt pour le mouvement et pour la transversalité entre les médiums. Au milieu des années 1960, il conçoit ce qu’il appelle des Floats (« flotteurs », mais aussi « chars [de carnaval] ») : des petites sculptures, ressemblant à des dômes, qui avancent grâce à un moteur – leur taille et leur forme évolueront au fil des ans. Leur mouvement est lent et peu perceptible. Il ne suit aucun itinéraire prédéterminé. Les Floats ne se remarquent pas immédiatement, et seul un spectateur attentif sera sensible à leur déplacement.
Les Floats créent des points fixes dans la salle d’exposition. À chaque position, ils invitent le spectateur à considérer le champ spatial selon une nouvelle perspective, à l’instar de ces Jumelles qui se déplacent de manière autonome et aléatoire l’une par rapport à l’autre : le spectateur les met en relation dès qu’il les repère. La dynamique du site est ainsi renouvelée non seulement par leur coprésence mais aussi par leurs emplacements successifs.
Contrairement à certains Floats qui tranchent par leur teinte vive et que Breer aimait présenter à hauteur de regard, le caractère neutre des Jumelles, de leur forme à leur couleur, et le fait qu’elles soient posées à même le sol, sans socle, renvoient à la sculpture minimaliste développée à New York, où l’artiste s’installe en 1959 à son retour de Paris où il a vécu dix ans. Il faut les comprendre comme un commentaire caustique sur ce courant artistique, même si les Floats participent également à la réflexion sur l’espace du spectateur chère à cette génération d’artistes.