Bibliographie
Okwui Enwezor et Rein Wolfs (éd.), Hanne Darboven: Enlightenment–Time Histories, a Retrospective, cat. exp. Bonn, Bundeskunsthalle Bonn, Munich, Haus der Kunst, Munich, Munich, Prestel, 2015.
Dietmar Elger, Hanne Darboven Evolution Leibniz 1986, cat. exp. Hannovre, Sprengel Museum, Ostfildern, Hatje Cantz, 1996.
Franz Meyer, Hanne Darboven: ein Monat, ein Jahr, ein Jahrhundert, Arbeiten von 1968 bis 1974, cat. exp. Bâle, Kunstmuseum Basel, 1974.
Fille d’un commerçant prospère, Darboven grandit dans un milieu ouvert à l’art. Elle pratique le piano depuis son enfance – ses dessins peuvent d’ailleurs faire penser à des partitions –, mais elle cesse toute activité musicale en 1962 et s’inscrit à la Hochschule für bildende Künste à Hambourg. De 1966 à 1968, elle vit à New York où elle fait notamment la connaissance de Sol LeWitt et de Carl Andre, qui seront des fervents soutiens de son travail. C’est à cette époque qu’elle crée ses premières œuvres sur du papier millimétré, un support alors apprécié par de nombreux artistes. De retour à Hambourg, elle détermine ce qu’elle appelle la « K-Wert » (valeur K) pour « Konstruktion », somme des chiffres d’une date, qui devient la clé de son système de notation. Au moyen des nombres ainsi obtenus à partir des dates du calendrier grégorien, elle développe des séquences numériques entre écriture et dessin. Darboven se perçoit d’ailleurs davantage comme une écrivaine que comme une plasticienne.
Méditation sur le cours du temps, à l’instar de celle d’On Kawara, et donc sur le flux de l’existence, les œuvres de Darboven prennent la forme d’un index se déployant sur un mur, comme c’est le cas de K – Zeichnung – 74 – 1/IV/7/4 – 16 à – 30/IV/7/4 – 45, ou dans une pièce entière. Fruit d’une logique complexe, ce dessin constitué de 30 feuilles restitue le travail d’un mois, celui d’avril 1974. Darboven consigne le temps, la vie qui s’écoule. Se consacrer aux dates et à leur expression graphique sous forme encodée est sa manière d’agir et d’être au monde. Elle raisonne à partir d’un système inventé pour organiser le temps, le calendrier, qu’elle renvoie à son artificialité relative. Son œuvre, qui connaîtra une évolution vers l’installation, incluant des photographies et des sculptures, s’inscrit dans le développement de l’art conceptuel, explorant les principes de sérialité et de progression machinale des formes, aux confins de la représentation.