Bibliographie
Théodore Véron, Dictionnaire Véron, Organe de l’Institut universel des sciences, des lettres et des arts du XIXe siècle. Feu les savants, les littérateurs et les artistes du XIXe siècle (de A à L), suivis du Salon de 1880, Paris, M. Bazin, Poitiers, Chez l’auteur, 1880, p. 480.
Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure et lithographie des artistes vivants, exposés au Palais des Champs-Élysées le 1er mai 1880, 1ère édition, Paris, Imprimerie nationale, 1880, n° 3320, p. 328.
Dans le Livre de la Genèse, Joseph, fils de Jacob et de Rachel, est vendu comme esclave par ses frères et acheté par Putiphar, un Égyptien au service du pharaon. Éprise de Joseph, la femme de Putiphar tente de le séduire. Les représentations canoniques de cet épisode biblique la montrent occupée à retenir Joseph qui, refusant de céder à ses avances, s’enfuit précipitamment. Rothenhaus innove en choisissant un moment ultérieur du récit. La femme de Putiphar attend le retour de son mari. Elle tient dans sa main droite le vêtement abandonné par Joseph dans sa fuite, preuve qu’elle utilisera pour l’accuser d’avoir voulu abuser d’elle et le faire emprisonner.
Seule et entièrement nue à l’exception de quelques bijoux, la femme de Putiphar est allongée sur un lit installé sur une peau de tigre et orné de motifs égyptiens. Son bras gauche relevé assombrit son visage, sans dissimuler ni la carnation légèrement rosée de sa peau ni sa fureur d’avoir été éconduite. Derrière elle, un arc, un carquois, des flèches et un bouclier sont suspendus. Un pan de tenture relevé laisse entrevoir la colonnade d’un palais égyptien et un coin de ciel bleu.
Élève de Jean-Léon Gérôme à l’École des Beaux-Arts, Rothenhaus hérite de sa conception théâtralisée de l’histoire et de son goût pour l’exotisme. À la fin des années 1870, il fait ses débuts en exposant des portraits aux Salons parisiens. En 1880, il est affecté au 90ème régiment d’infanterie où il décède prématurément à l’âge de 24 ans. La femme de Putiphar, qui semble être son unique tableau d’histoire, sera présentée cette année-là à titre posthume au Salon de Paris.