Maurice de Vlaminck
La Neige à Auvers, vers 1924

  • Maurice de Vlaminck (Paris , 1876 - Reuil-La-Gadelière, 1958 )
  • La Neige à Auvers, vers 1924
  • Huile sur toile, 60 x 73 cm
  • Legs d’Henri-Auguste Widmer, 1936
  • Inv. 396
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

En 1905, au Salon d’Automne à Paris, Henri Matisse, André Derain et Vlaminck créent le scandale avec des toiles sur lesquelles ils poussent les couleurs au maximum de leur intensité. Associée à une expression exacerbée et à une vigueur gestuelle, cette relation presque instinctive aux tons marque les premières œuvres de Vlaminck.

Après l’expérience du flamboiement et de l’exubérance fauve, l’artiste se dirige vers une palette plus modérée. L’influence de Paul Cézanne, dont il découvre l’œuvre en 1907, le conduit à s’attacher aux éléments constitutifs de la composition. Une fermeté nouvelle se manifeste dans de nombreuses vues de villages, prétextes à une imbrication de volumes, à une synthétisation des formes et à une restitution de l’espace par facettes. Dans ces paysages d’une facture plus classicisante, la palette s’assourdit et la touche se fait épaisse.

La noirceur du ciel menaçant largement brossé, qui contraste avec le blanc-gris lumineux de la neige mêlée de terre, rendue par de forts empâtements, l’architecture à la fois imposante et fruste de la maison, la présence humaine anecdotique, confèrent à ce tableau une tonalité triste, voire misérabiliste, caractéristique des œuvres peintes par Vlaminck après la Première Guerre mondiale. Installé en 1919 à Valmondois, à quelques kilomètres d’Auvers-sur-Oise, l’artiste trouve dans les paysages hivernaux de l’Île-de-France, dans cette neige qui n’est jamais immaculée, les effets de matières sans compromis et la lumière qu’il recherche, celle, dira-t-il, « qui ne maquille rien, qui n’embellit pas par des artifices le visage des choses et des gens, qui n’enveloppe pas pour son seul bénéfice la terre, le ciel et l’eau.»

Bibliographie

Jérôme Coignard, Vlaminck. Un instinct fauve, cat. exp. Paris, Musée du Luxembourg, Milan, Skira, 2008.