Bibliographie
Jörg Zutter (dir.) et alii, René Auberjonois, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Genève, Skira, 1994, p. 30.
Hugo Wagner, René Auberjonois. L’œuvre peint – Das gemalte Werk. Catalogue des huiles, pastels et peintures sous verre, Zurich, Schweizerisches Institut für Kunstwissenschaft, Denges-Lausanne, Éditions du Verseau, 1987, n° 588.
Guido Fischer, Marianne Muret, Le Valais d’Auberjonois, cat. exp. Martigny, Le Manoir, 1968, n° 10.
Dès un premier séjour en 1902, Auberjonois s’émerveille du « grand spectacle des paysages Valaisans ». Très tôt, ses déplacements accusent un mouvement de pendule entre Paris, où il mène une vie mondaine et suit l’actualité artistique, et un ailleurs exotique, qu’il trouve dans la plaine du Rhône et le village haut perché de Lens. Son ami l’écrivain C. F. Ramuz dira en 1943 ce qui, dans le Valais, les séduisit tous deux : la permanence de l’immuable, la simplicité des mœurs et surtout « la nature, mais ce qu’elle a fait des hommes qui y vivent ».
En 1940, Auberjonois prépare une exposition personnelle à la Kunsthalle de Bâle. Il fait de longs séjours en Valais, en janvier à Lens, puis en septembre à Sion où il peint une douzaine de toiles dont cette Route valaisanne. L’importance pour lui du lien étroit entre l’humain et son milieu explique le statut ambigu de cette vue, ni paysage, ni scène de genre, plutôt une sorte de « paysage de chambre », qui résoudrait sa difficulté à dissocier peinture de plein air et peinture d’intérieur.
Ici, la vue sur une berge du Rhône aplatit sur un même écran des réalités que l’on ressent comme consubstantielles : les paysans montés sur leurs mulets et les peupliers penchés sur l’eau, dont les ombres se mêlent et s’entrecroisent sur le chemin et dans le fleuve. La lumière dure du soleil découpe des triangles clairs sur les contreforts des montagnes. Exemplaires de l’œuvre tardif du peintre, l’austérité de la palette très serrée et la stylisation expressive presque caricaturale disent le peu d’intérêt de l’artiste pour la couleur et pour le rendu naturaliste. Sa formule, Auberjonois la trouve dans un formalisme qui se préoccupe essentiellement de l’équilibre et de l’ordonnance de la composition. En digne héritier de Paul Cézanne, c’est là qu’il trouve son chemin, loin des déliquescences de l’impressionnisme et dans le refus de la voie vers l’abstraction ouverte par le cubisme.