Louis Ducros
L’arc de Titus, entre 1782 et 1787

  • Louis Ducros (Moudon, 1748 - Lausanne, 1810)
  • L’arc de Titus, entre 1782 et 1787
  • Plume et encre de Chine, aquarelle et rehauts de gouache sur papiers collés et encollés sur toile, 103 x 67 cm
  • Acquisition, 1816
  • Inv. 816
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Après avoir suivi les cours de l’académie privée du peintre liégeois Nicolas-Henri-Joseph de Fassin à Genève, le Vaudois Ducros poursuit sa formation par la copie de tableaux hollandais et par la pratique de l’aquarelle devant le motif. Il a vingt-huit ans quand il arrive en 1776 à Rome, ville où il passera l’essentiel des trente années de son séjour italien. Sur place, écarté des grandes commandes d’art religieux réservées aux peintres catholiques, il comprend vite que les touristes constituent la seule clientèle pour sa production, qui se restreint au paysage. Il s’associe dès 1779 avec le graveur Giovanni Volpato et publie une série de Vues de Rome et de ses environs, vingt-quatre gravures au trait aquarellées.

Dans les années 1780, Ducros consolide sa réputation de spécialiste des vues topographiques des vestiges de la Rome antique, des bâtiments et des jardins de la Rome moderne, ainsi que des curiosités naturelles et des sites pittoresques des environs de la capitale. Sa clientèle compte bientôt des grands noms, parmi lesquels le roi de Suède Gustave III, le pape Pie VI ou encore le collectionneur anglais Richard Colt Hoare.

On trouve dans cette représentation de l’Arc de Titus, monument datant de la fin du Ier siècle ap. J.-C., les qualités exceptionnelles qui expliquent le succès de Ducros. Tout d’abord un format hors du commun pour l’aquarelle : l’artiste – avant Turner qui s’en inspirera vingt ans plus tard – colle ensemble plusieurs feuilles de papier ensuite marouflées sur une toile tendue sur un châssis, qui sera vitrée et encadrée. Ses œuvres peuvent ainsi rivaliser avec les tableaux peints à l’huile. À ce procédé innovant s’ajoutent la virtuosité technique, la précision dans le rendu des monuments, l’imaginaire d’une nature vigoureuse qui semble prête à engloutir les traces de l’Histoire, et la présence attrayante de figures populaires qui font le lien avec le présent.

Bibliographie

Jörg Zutter (dir.), Abraham-Louis-Rodolphe Ducros : un peintre suisse en Italie, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, Skira, 1998, n° 1.

Pierre Chessex, A.L.R. Ducros (1748-1810). Paysages d’Italie à l’époque de Goethe, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Genève, Éditions du Tricorne, 1986, n° 1.

Pierre Chessex, introd. de Francis Haskell, Roma romantica. Vedute di Roma e dei suoi dintorni di A.L.R. Ducros (1748-1810), Milan, Franco Maria Ricci, 1985, n° 6.