François Bocion
Lavandières à San Remo, 1877

Bocion abandonne rarement les rives du lac Léman, le sujet qu’il privilégie pour ses tableaux. Quand il s’aventure au-delà des Alpes, c’est à Venise ou sur la côte ligure. De ces escapades, l’artiste rapporte des études, des observations faites sur le motif. De retour en Suisse, ces dernières lui servent de supports pour la réalisation de toiles de grand format, dont certaines sont destinées à être présentées à des expositions. C’est le cas de Lavandières à San Remo, l’une des 93 peintures sélectionnées pour représenter la Suisse à l’Exposition universelle de 1878.

La présence de l’œuvre de Bocion aux cimaises parisiennes contribue à faire naître chez les critiques cette nostalgie des paysages alpestres de François Diday et d’Alexandre Calame. À l’affût de ce qui pourrait être la marque d’un art national, ils ne trouvent, chez Bocion comme chez les autres artistes, aucune caractéristique locale dans leurs peintures. Bocion n’est effectivement Suisse ni dans le site qu’il choisit – la baie de San Remo, où il avait séjourné au printemps 1877 – ni dans le sujet qu’il représente, des lavandières penchées sur leurs lessives. Pour le peintre vaudois l’objectif est tout autre : la découverte de nouveaux lieux lui offre de nouvelles perspectives d’inspiration.

À défaut de renouveau du sujet et d’originalité dans la composition, Bocion sait faire preuve d’une grande maîtrise picturale dans la représentation des vagues ciselées par le vent et le détail de la mâture des voiliers au large. Le peintre saisit avec justesse la lumière crue d’une journée ensoleillée au bord de la Méditerranée, comme les puissants contrastes d’ombre et de lumière. Une version très proche de ce tableau, datée de 1880, est conservée au Musée Jenisch à Vevey.