Exposé actuellement
La collectionBibliographie
François Blanchetière, L’enfer selon Rodin, cat. exp. Paris, Musée Rodin, Paris, Norma, 2016.
Aline Magnien, Paul-Louis Rinuy et alii, Rodin, la chair, le marbre, cat. exp. Paris, Musée Rodin, Paris, Hazan, 2012.
Hélène Pinet, Rodin. Le Baiser, Paris, Gallimard, 2000.
En 1880, l’État français commande à Rodin une porte décorative consacrée à la Divine Comédie de Dante, pour un Musée des arts décoratifs qui doit ouvrir ses portes à Paris. Dès les premiers projets apparaît le couple tendrement enlacé formé par Paolo Malatesta et sa belle-sœur Francesca da Rimini évoqué par Dante au chant V, ces amants adultérins échangeant un baiser destiné à les condamner à errer éternellement dans le cercle de la luxure. Mais Rodin juge cette représentation du bonheur et de la sensualité en contradiction avec le thème funeste de son projet et la remplace, dès 1887, par une figuration plus dramatique du couple.
La même année, le sculpteur décide d’exposer Paolo et Francesca comme une œuvre autonome à la Galerie Georges Petit à Paris puis à Bruxelles. L’absence d’éléments de contexte, le refus de tout pittoresque et d’individualisation des deux amants amène le public à baptiser l’œuvre Le baiser, un titre qui traduit le caractère universel et intemporel du moment que l’artiste transcrit dans la matière. Au Salon de Mai de 1898 à Paris, la composition triangulaire classique et dynamique transcrite dans le marbre, les musculatures inspirées des figures de Michel-Ange, le poli lumineux des corps et la sensibilité des gestes du groupe séduisent les visiteurs. Devant l’immense succès du Baiser, la fonderie Barbedienne signe la même année un contrat d’exclusivité de vingt ans avec Rodin pour son édition en bronze en quatre tailles.
En 1912, suite à une visite à l’atelier du maître, le Lausannois Henri-Auguste Widmer décide de faire l’acquisition d’un bronze d’édition dans la dimension du groupe original tel qu’il avait été exposé pour la première fois à la Galerie Georges Petit à Paris en 1887. Par deux lettres au sculpteur, conservées au Musée Rodin à Paris, on apprend que le collectionneur, attentif à la qualité de l’édition dont il allait faire l’acquisition, avait demandé à Rodin d’en superviser la patine.