Bibliographie
Anne van de Sandt, avec une préface de Catherine Lepdor, Les frères Jacques et François Sablet. Collections du Musée des Beaux-Arts de Lausanne, Les Cahiers du Musée des Beaux-Arts de Lausanne n° 19, 2015, n° 11.
Anne van de Sandt, «Jacques Sablet, Le Colin-Maillard», in Bericht der Gottfried Keller-Stiftung 1977-1980, Berne, 1981, p. 53-56.
Pierre Rosenberg (dir.), De David à Delacroix: la peinture française de 1774 à 1830, cat. exp. Paris, Galeries nationales du Grand Palais, Paris, Éd. des Musées nationaux, 1974, p. 592.
Exposé à Paris au Salon de l’an V (1796), ce tableau fut acquis en 1798 par Joseph Fesch, jeune oncle de Napoléon, futur cardinal, et personnalité déjà habité d’un amour des arts qui allait faire de lui un des plus grands collectionneurs européens.
L’œuvre présente toutes les qualités qui, aux yeux des contemporains, firent de Sablet une alternative à la conception de la fête galante mise en vogue par Antoine Watteau. La scène montre les jeux amoureux en plein air, mais elle n’emprunte ni à l’évocation d’îles lointaines ni au rêve éveillé. Sablet donne à voir en toute simplicité la beauté et l’innocence du peuple italien dans lequel il voit revivre la simplicité des mœurs antiques. Les coloris sont frais, les silhouettes se découpent, l’air circule, l’atmosphère est enveloppante et les personnages semblent observés sur le vif. La lumière du soleil éclate partout, sur le portique d’une villa romaine, ses terrasses et son parc. L’on croit entendre les musiciens de l’orchestre, composé d’un joueur de mandoline et de deux femmes avec tambours de basque.
Sablet, à la suite de Jean-Baptiste Pater, Jean-Honoré Fragonard et Francisco de Goya, modernise ici le thème du colin-maillard, traditionnellement associé aux fêtes villageoises dans la peinture flamande. « L’amour est aveugle », tel pourrait être la morale de cette œuvre où un jeune homme aux yeux bandés poursuit deux paysannes alors que les statues de Vénus et de Pâris semblent rendues à la vie pour rejouer la scène de la pomme de la discorde.