Marguerite Burnat-Provins
Le Criquet suivi de ses serviteurs portant des présents se rend au tombeau de ses ancêtres, Ma Ville, mars 1924

  • Marguerite Burnat-Provins (Arras, 1872 - Grasse, 1952)
  • Le Criquet suivi de ses serviteurs portant des présents se rend au tombeau de ses ancêtres, Ma Ville, mars 1924
  • Mine de plomb, crayons de couleur et gouache sur carton, 36,8 x 56,2 cm
  • Acquisition, 2024
  • Inv. 2024-026
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Aînée d’une fratrie de 8 enfants, élevée dans un milieu cultivé du Pas-de-Calais, Marguerite Provins dessine dès 4 ans. Peu attirée par les jouets, les poupées, les bijoux ou la compagnie des fillettes, elle se passionne très tôt, comme pour compenser son inclination à la solitude, pour les livres, surtout les récits d’aventure. À 9 ans, elle rédige ses premiers contes. La famille passe ses vacances à la campagne, en Normandie, où naît la complicité de la future artiste avec la nature et les animaux, et en Flandre, dont elle avoue avoir hérité le goût de l’enluminure. Les croquis des 17 Carnets conservés à la Bibliothèque Saint-Hilaire de Grasse montrent des ornements typographiques, des saynètes proches de l’esprit des Fables de Jean de La Fontaine et une esquisse préparatoire de ce cortège funéraire.

À côté de sujets animaliers réalistes, la dessinatrice conçoit des narrations issues de son imaginaire, mettant en scène des animaux personnifiés ou des personnages animalisés. Cette technique de l’hybridation définit de nombreux êtres visionnaires de deux corpus distincts dans son œuvre, Ma Ville (d’humains) et Ma Ville d’oiseaux, portraiturés à des cadences variables de 1914 à 1951. Sauterelles, criquets et autres insectes, côtoyés lors de ses séjours en Égypte et au Maroc, peuplent son bestiaire.

Dans une mise en scène rythmée par des plans obliques de couleurs subtiles, la procession funéraire, emmenée par un élégant criquet à l’allure martiale, s’achemine vers un mausolée orientalisant sous le regard endormi d’un singe à barbe accroupi, à l’allure patriarcale, et d’une tortue curieuse. Le feuillage automnal bruissant, les reflets du lac et le mouvement des antennes confèrent à la scène une touche naturaliste.

Bibliographie

Anne Murray-Robertson, Marguerite Burnat-Provins. Oser la liberté, Gollion, Infolio, collection Presto, 2020.

Anne Murray-Robertson (dir.), Marguerite Burnat-Provins. Cœur sauvage, Gollion, Infolio, 2019, n° 110.

Bernard Wyder, Marguerite Burnat-Provins, cat. exp. Martigny, Le Manoir, 1980.