Bibliographie
Maëla Bescond, Maëva Blandin et alii, Delphine Coindet. Périmètre étendu, Paris, Les presses du réel, 2013.
Sylvie Coëllier, « Diamants et solitaires. Les meilleurs amis de Delphine Coindet », 20/27, no 4, 2010, p. 117-139.
Xavier Douroux, Julien Fronsacq et Michel Gauthier, Delphine Coindet, cat. exp. Lyon, La salle de bain, Dijon, Les presses du réel, 2006.
Formée à l’École des Beaux-Arts de Nantes et à l’Institut des Hautes Études en Arts Plastiques à Paris, Coindet séjourne plusieurs années à Lausanne, où elle est membre de l’association du centre d’art contemporain Circuit et enseignante à l’École cantonale d’art de Lausanne.
C’est dans son atelier lausannois qu’elle crée Le cyclope. Se situant entre un objet trouvé et un assemblage surréaliste, « be[lle] comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie » pour citer la célèbre formule de Lautréamont reprise par André Breton, cette sculpture consiste en une machine-outil, relique de l’activité industrielle du lieu devenu atelier, et deux rectangles de tissu bleu drapés de manière à la dissimuler entièrement. L’un des tissus est une panne de velours synthétique, l’autre une toile de coton au bord orné de boutons de verre retenus par de petites chaînes métalliques dorées.
De la rencontre entre la machine et son drapé se dégage une série d’oppositions (solide/souple, brut/ouvragé, utilitaire/décoratif), que la dissimulation de l’un par l’autre déconstruit cependant en une mise en scène où la sculpture se donne à voir et simultanément se refuse au regard. Si le titre de l’œuvre évoque son aspect anthropomorphe et la question de la perception, le cyclope – ce monstre de la mythologie grecque n’ayant qu’un œil au milieu du front – renvoie également à l’association de ces créatures fantastiques avec la métallurgie et donc à ce qui constitue l’« âme » de la sculpture de Coindet. Héritière aussi bien de la pratique de l’assemblage que de la sculpture minimaliste, l’artiste réintroduit dans une sculpture apparemment abstraite toute la charge poétique, la théâtralité et la tactilité qui en avaient été écartées. « La sculpture, écrit-elle dans une note d’intention rédigée alors qu’elle réside à la Villa Médicis à Rome en 2011-2012, est un art du passage et je m’y intéresse avant tout comme forme inachevée. »