Exposé actuellement
La collectionBibliographie
Micheline Jérome-Schotsmans, Constantin Meunier. Sa vie, son œuvre, Bruxelles, Olivier Bertrand Éditions, 2011, p. 284, n° 155.
Paul-Louis Rinuy, « La collection de sculptures modernes du docteur Henri-Auguste Widmer », in Catherine Lepdor et Jörg Zutter (dir.), La collection du Dr Henri-Auguste Widmer au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, Skira, 1998, p. 67-79, n° 93.
Erika Billeter, avec la collaboration de Chantal Michetti-Prod’Hom et Verena Villiger, Sculptures du Musée cantonal des Beaux-Arts Lausanne, Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, 1990, p. 38-39.
Le Débardeur est l’une des œuvres les plus célèbres de Meunier, prévue à l’origine pour un Monument au Travail qui ne fut jamais achevé. Pour nourrir ce projet, le sculpteur avait travaillé sur le motif afin de se constituer un répertoire d’ouvriers (puddleurs, forgerons, mineurs) et d’attitudes. Ici, il représente un homme employé à charger et décharger les navires au port d’Anvers.
Malgré le réalisme de l’habit de travail, cette sculpture a été conçue comme une image idéale. Meunier échappe ici à la veine misérabiliste de la sculpture sociale. Son débardeur n’est pas représenté à la tâche, écrasé par le poids de la charge, il se tient droit, altier. Son visage n’est pas résigné, sa mine est fière.
La pose étudiée, l’attitude fortement campée, le corps vigoureux et l’expression digne, qui expriment la fierté du travailleur, ont leurs racines dans les canons de l’art classique. « Vous connaissez mon admiration sans borne pour l’art des Grecs. Au plus j’avance dans la vie, au plus j’observe la nature, j’en arrive à conclure, que ceux-là ont laissé des œuvres où triomphent la beauté et la vie », confie Meunier à l’un de ses biographes. Le contrapposto et les proportions harmonieuses font de cette figure une sorte d’Apollon prolétarien.
Alors que l’étude et l’intérêt pour le monde industriel sont dans l’air du temps et que le discours sur l’art social se développe en Belgique, les critiques se défendent de voir dans l’œuvre du sculpteur une quelconque dénonciation de la condition ouvrière. Meunier façonne l’icône du travailleur du XIXe siècle, nouveau dieu et héros de l’art contemporain.