Bibliographie
Colin Lemoine et Marie-Pauline Martin (dir.), Ludwig van, le mythe Beethoven, cat. exp. Paris, Cité de la musique – Philarmonie de Paris, Paris, Gallimard, 2016.
Fariba Joubine Alai, Beethoven glorified in Statues, Londres, Homa Publishers Limited, 2000.
Rainer Cadenbach, Mythos Beethoven : Ausstellungskatalog, Laaber, Laaber Verlag, 1986.
Dès les cérémonies organisées pour ses funérailles en 1827, Beethoven est adulé à l’égal d’un dieu. Pour les Romantiques, son extraordinaire fécondité symbolise l’inspiration poétique, et l’isolement auquel l’a réduit sa surdité la solitude de la création. Il est alors montré tel Prométhée dans la violence de ses luttes intérieures, ou tel Jupiter trônant au sommet de l’empyrée. Au tournant du XIXe au XXe siècle, l’héroïsation de la figure du compositeur s’amplifie encore et s’internationalise. Les monuments dédiés à son culte se multiplient. Le phénomène atteint un pic lors de l’exposition Beethoven de 1902 à la Sécession de Vienne, avec la présentation de la Frise de Gustav Klimt et du Monument de Max Klinger.
À la même époque, une approche concentrée sur la représentation du visage du musicien est aussi explorée. Dans une veine expressive, Naoum Aronson et Antoine Bourdelle traquent le pathos et la fougue dans la chevelure tourbillonnante et les traits torturés du musicien. D’autres, comme Benjamin-Constant ou Franz von Stuck, trouvent leurs sources d’inspiration dans le moulage de son visage exécuté par Franz Klein du vivant du compositeur, et dans ses masques mortuaires. C’est le cas aussi du symboliste Lévy-Dhurmer qui, dans ce pastel puissant, traité dans un camaïeu de bleus et de verts rehaussés de blanc, fait émerger de l’obscurité une face sereine et irradiante. Couronné de lauriers pour cette apothéose, les yeux clos sur un monde dont l’immensité est laissée à l’imagination, le génie musical universellement adoré de Beethoven semble flotter dans le silence éternel du cosmos.