Bibliographie
Marina Ducrey, avec la collaboration de Katia Poletti, Félix Vallotton, 1865-1925 : l’œuvre peint, 3 vol., Lausanne, Fondation Félix Vallotton, Zurich, Institut suisse pour l’étude de l’art, Milan, 5 Continents Éditions, 2005, n° 299.
Claire Frèches-Thory, Ursula Perucchi-Petri et alii, Nabis : 1888-1900 : Pierre Bonnard, Maurice Denis, Henri-Gabriel Ibels…, cat. exp. Zurich, Kunsthaus, Paris, Galeries Nationales du Grand Palais, RMN, 1993.
Sasha M. Newman (dir.), Félix Vallotton, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Paris, Flammarion, 1992.
À l’été 1900, Vallotton et son épouse Gabrielle s’installent au château de La Naz à Romanel, sur les hauteurs de Lausanne. Les vues offertes par le site sur le lac, sur l’arrière-pays vaudois et sur la chaîne du Jura, et la présence d’Édouard Vuillard qui peint à ses côtés pendant une quinzaine de jours au mois d’août, stimulent l’artiste.
Vallotton n’avait plus peint de paysages purs depuis 1897, les œuvres de ses derniers séjours à Étretat relevant davantage de la scène de genre. À Romanel, il expérimente la formule nabie, auparavant déjà appliquée au portrait, au nu et à la scène de genre. Travaillant à coups de pinceaux très courts orientés horizontalement, le peintre commence par les grandes surfaces colorées avant de s’attaquer aux éléments secondaires, puis enfin aux contours – comme ici le trait jaune ourlant le nuage – précisés en dernier.
L’artiste recourt par deux fois au terme de « paysage décoratif » pour qualifier deux œuvres composées d’après des études faites à Romanel. Et en effet, si les lieux sont presque toujours identifiables – Le grand nuage est cadré depuis la colline surplombant le château de La Naz, en direction du sud-ouest –, Vallotton opte ici pour la synthèse : sans se préoccuper de la profondeur, il déroule les éléments naturels à la surface du support, en bandes parallèles ondulantes. Les formes sont délimitées et les lignes sinueuses. Le traitement ornemental est accentué par les grands aplats juxtaposés, qui exagèrent ou font disparaître les ombres. Le format horizontal, enfin, intègre la leçon tirée de l’estampe japonaise.
Présenté à la Galerie Bernheim-Jeune à Paris en 1903 aux côtés d’œuvres de Vuillard, Le grand nuage, comme toutes les œuvres peintes à Romanel, est un jalon important vers le paysage vallottonien de la maturité.