Alice Bailly
Le jardin rose, 1907

  • Alice Bailly (Genève, 1872 - Lausanne, 1938)
  • Le jardin rose, 1907
  • Huile sur toile, 73 x 92 cm
  • Acquisition, 1983
  • Inv. 1988-046
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

En 1906, Bailly quitte Genève pour Paris et elle s’installe rue Boissonade, impasse où résident et séjournent déjà de nombreux artistes suisses romands, parmi lesquels Alexandre Blanchet et Charles-Ferdinand Ramuz. La jeune femme visite les expositions et elle s’enthousiasme au Salon d’Automne pour les tableaux lumineux des Fauves. Henri Matisse, Georges Braque et André Derain retiennent manifestement son attention. Leurs œuvres la guident vers une couleur plus claire et plus virulente, et aussi vers une touche plus affirmée, vers un travail de la pâte plus expressif.

 

L’évolution rapide de Bailly s’observe dans ce Jardin rose. L’artiste se laisse inspirer par un des coins de nature préservés de son quartier. Le tableau montre le parc de l’hospice des Enfants-Assistés, sur lequel donnent les maisons de la rue Boissonade. Au fond de la cour, un cortège de bambins et de surveillantes fait des rondes devant les murs du monastère de la Visitation. La force du tableau est dans le redressement du point de vue plongeant, qui superpose les plans tout en conservant l’échelle dégressive des objets. Elle est aussi dans l’application libre et rapide de la matière qui colore les volumes par petits paquets de touches, et dans l’écriture ample qui affirme les contours. Elle est surtout dans la couleur, appliquée quasiment pure, dans son éclat que renforcent de vifs contrastes entre les tonalités chaudes du rose et du jaune, et froides des blancs, des verts et du bleu outremer. Le rose s’affirme ici pour la première fois comme la couleur fétiche de l’artiste, cinq ans avant La fantaisie équestre de la Dame en rose (1913, Lausanne, Collection d’art BCV).

 

Bibliographie

Paul-André Jaccard, Alice Bailly. La fête étrange, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, 5 Continents Editions, 2005, n° 16.