Bibliographie
Philippe Kaenel (dir.), Marius Borgeaud, cat. exp. Lausanne, Fondation de l’Hermitage, Lausanne, La Bibliothèque des Arts, 2015, n° 66.
Bernard Wyder, avec la collaboration de Jacques Dominique Rouiller, Marius Borgeaud. L’homme, l’œuvre, 1861-1924, La Bibliothèque des Arts, Lausanne, 1999, n° 73.
René Berger, Édith Carey, Jacques Monnier et alii, Marius Borgeaud: poète de la lumière et magicien de la couleur, Denges, Éditions du Verseau, 1993.
Borgeaud fut un peintre assidu de la Bretagne. Mais alors que de nombreux artistes avaient fait leur fonds de commerce d’une Armorique pittoresque, aux veuves de marins et costumes traditionnels, couchers de soleil et processions, le peintre vaudois prend le contre-pied et propose un visage intimiste et insolite de la Bretagne. À Rochefort-en-Terre, où il habite de mars à septembre tous les ans entre 1909 et 1919, il pose son chevalet aussi bien au café qu’à la mairie, dans la salle des fêtes du village et aussi, à plusieurs reprises, à la pharmacie.
Durant l’année 1917, Borgeaud se lie d’amitié avec un médecin féru d’art qui deviendra l’un de ses fidèles collectionneurs, le docteur Victor Doiteau qui écrit en 1923 dans la revue Æsculape un article donnant la description suivante de ce tableau: «on voit le potard qui recherche dans ses tiroirs un topique calmant pour un jeune garçon épicier qui, son panier à terre, attend mélancoliquement assis sur une chaise, la joue horriblement gonflée et la tête enveloppée d’un mouchoir.»
Le pharmacien nous est par ailleurs connu : Ernest Houal fut un ami de Borgeaud lui aussi et collectionneur de ses œuvres, d’où une complicité et une série de tableaux consacrée à cette pharmacie qu’on connaît sous tous les angles par sept tableaux arrivés jusqu’à nous.
On remarque que Borgeaud tente ici de rendre le mouvement du pharmacien par un traitement mouvementé de sa blouse parcourue de plis et d’ombres. Soit que les personnages de Borgeaud sont moins mobiles dans ses tableaux ultérieurs, soit que son style évolue toujours plus vers les aplats uniformes même pour les vêtements, ce type de rendu va se raréfier avec le temps.