Bibliographie
Anne van de Sandt, Les frères Jacques et François Sablet. Collections du Musée des Beaux-Arts de Lausanne, Les Cahiers du Musée des Beaux-Arts de Lausanne n° 19, 2015, n° 6.
Catherine Lepdor et Elizabeth Fischer (dir.), Modes et tableaux : œuvres de la collection et costumes de 1700 aux années folles, Les Cahiers du Musée des Beaux-Arts de Lausanne n° 10, 2000, n° 79.
Anne van de Sandt et alii, Les frères Sablet (1775-1815). Peintures, dessins, gravures, cat. exp. Nantes, Musées départementaux de Loire-Atlantique, Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Rome, Palazzo Braschi, Rome, Carte Segrete, 1985, n° 78.
À Rome, les scènes de la vie quotidienne animées de figures contemporaines en costume local connaissent un succès grandissant durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Elles séduisent les touristes et constituent de ce fait une source de revenus importante pour les artistes étrangers, à l’instar des Vaudois Sablet et Ducros qui, en 1781-1782, collaborent pour la production d’estampes en noir ou coloriées.
Cette gravure fait partie d’une série de douze feuilles intitulée Scènes et costumes italiens (1781-1782). Gravée par Ducros en manière de lavis, une technique perfectionnée par Jean-Baptiste Le Prince qui donne l’illusion d’un dessin original, elle montre le commerce d’un frittatore (marchand de fritures) établi près de la fontaine du Panthéon. Pour cette scène nocturne, Sablet joue sur les contrastes d’ombre et de lumière artificielle – l’aquatinte permet d’en restituer les nombreuses nuances –, mais aussi des milieux sociaux. Au pauvre pèlerin à gauche, signalé par la coquille de Saint Jacques piquée sur sa veste, l’artiste oppose à droite un couple d’aristocrates. L’élégant arbore toute la panoplie de sa classe : tricorne, perruque poudrée, manchettes et jabot de mousseline, gilet, escarpins à boucles, ainsi que l’épée. Coiffée d’un haut bonnet, sa compagne porte une robe à paniers sous un ample manteau à volants et tient un éventail dans la main gauche. Le centre de la composition est réservé au costume populaire. Chemise, veste, chapeau mou ou chapeau de paille pour les hommes. Robe à plastron baleiné sur une chemise et fichu sur les épaules pour les femmes qui, comme le marchand et ses aides, ont les cheveux ramassés dans un foulard.
La collaboration entre Sablet et Ducros ne fera pas long feu. La réalisation des Scènes et costumes italiens est l’occasion d’une brouille. Sablet quitte Ducros avec lequel il habitait Strada della Croce et s’installe Via Margutta, avec le peintre genevois Jean-Pierre Saint-Ours.