Constantin Meunier
Le marteleur, 1886

  • Constantin Meunier (Etterbeek, 1831 - Ixelles, 1905)
  • Le marteleur, 1886
  • Bronze, 117,5 x 60 x 43,5 cm
  • Legs d’Henri-Auguste Widmer, 1936
  • Inv. 74
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Après une formation académique, Meunier fréquente la classe du sculpteur belge Louis Jéhotte, un féru d’art grec, avant de se tourner vers la peinture, selon lui moins embourbée dans l’académisme, plus ouverte au grand mouvement de rénovation des arts. Il ne reviendra à la sculpture qu’en 1884, quand il entreverra « la grandeur plastique de l’ouvrier industriel ».

Le marteleur est contemporain de l’insurrection wallonne de 1886, une vague de grèves ouvrières dont la répression fut féroce. Meunier traite son sujet dans une veine réaliste propre à traduire le caractère pénible d’un travail demandant force et dextérité, à proximité de la chaleur suffocante des grands fours et exposé aux dangers de la manipulation des matériaux en fusion. Le corps, le geste et l’attitude du marteleur au repos bénéficient de ses observations sur le vif dans la fonderie d’acier Cockerill à Seraing, tout comme le vêtement caractéristique avec la visière, le grand tablier en cuir, les couvre-chaussures et les tenailles. En associant ce réalisme à une posture du répertoire classique, le contrapposto, main gauche posée sur la hanche et pied droit en avant, Meunier élève l’ouvrier métallurgiste à la dignité d’un héros des temps modernes.

Le plâtre grandeur nature du Marteleur est exposé à Paris en 1886, au Salon des artistes français. L’œuvre, dont le Musée conserve un tirage grandeur petite nature, vaut à l’artiste sa première consécration. Elle reçoit les éloges du critique d’art Octave Mirbeau qui salue cette réponse moderne aux traditionnelles allégories où des femmes drapées à l’antique contemplent les attributs du travail : « Meunier a rencontré cet ouvrier puissant et superbe dans le Borinage, et il l’a fait tel qu’il l’a vu et tel qu’il est […] ». Placé dans la lignée d’un Jean-François Millet ou d’un Charles de Groux, Meunier sera désormais considéré comme un des représentants majeurs de l’art social en Belgique.

Bibliographie

Francisca Vandepitte (dir.), Constantin Meunier (1831-1905), Tielt, Lannoo, 2014.

Micheline Jérome-Schotsmans, Constantin Meunier. Sa vie, son œuvre, Bruxelles, Olivier Bertrand Éditions, 2011.

Jörg Zutter et Catherine Lepdor (dir.), La collection du Dr Henri-Auguste Widmer au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, Skira, 1998, n° 91.