Bibliographie
Therese Bhattacharya-Stettler (dir.), Anker, cat. exp. Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 2003, cat. 55.
Sandor Kuthy et Therese Bhattacharya-Stettler, Albert Anker, 1831-1910. Catalogue raisonné des peintures et des études à l’huile, Berne, Kunstmuseum, Bâle, Wiese Verlag, 1995, n° 210.
Dario Gamboni et Georg Germann (dir.), Emblèmes de la liberté: l’image de la République dans l’art du XVIe au XXe siècle, cat. exp. Berne, Kunstmuseum, Berne, Bernisches historisches Museum, 1991, cat. 430.
Anker représente ici un personnage clé de l’organisation administrative des communes suisses. Au XIXe siècle, le secrétaire de commune détient un pouvoir considérable en raison de ses compétences juridiques et de ses nombreuses attributions, du contrôle des finances à la tenue des registres de l’état civil. Le peintre, qui choisit un sellier du village de son village natal d’Anet pour incarner le notable, le montre dans l’exercice de sa fonction, en train d’examiner un acte d’origine ou quelque créance. L’ancrage seelandais du sujet est signalé par le poêle à catelles de faïence vertes et le bonnet paysan à pompon. Le caractère débonnaire de la scène est affirmé par le joyeux mélange d’objets «officiels» (encrier, sceau municipal, cire à cacheter et bougie, registres, dossiers) et d’objets personnels (pipe et paquet de tabac). Le réalisme atteint son paroxysme avec quelques notes savoureuses: la plume d’oie coincée entre les dents, les lunettes fichées par-dessus le couvre-chef et les joues mal rasées.
Le secrétaire de commune est un des plus connus parmi les portraits de genre d’Anker. Il a été popularisé par l’héliogravure du vivant de l’artiste déjà, et son succès se poursuit de nos jours (les Postes suisses l’ont reproduit sur un timbre en 1981, la Monnaie fédérale en a fait le sujet de sa pièce d’or en 2010). Le succès rencontré d’emblée par l’œuvre explique que l’artiste en ait produit quatre versions en plus de l’original de 1874. Notre tableau est la première répétition du motif. Comme l’original, il fut tout aussitôt acquis par Adolphe Goupil, le marchand parisien d’Anker, auprès duquel Vincent van Gogh, qui appréciait l’art du peintre suisse, travaille cette année-là.