Bibliographie
Catherine Lepdor, L’artiste à l’œuvre. Études et esquisses de la collection, journal de l’exposition, Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, 2017, section 7.
Claude Lapaire, Auguste de Niederhäusern-Rodo 1863-1913 : un sculpteur entre la Suisse et Paris. Catalogue raisonné, Berne, Benteli, Zurich, Institut suisse pour l’étude de l’art, 2001, p. 68-72 et n° 88.
Après des études à l’École des arts industriels et à l’École des Beaux-Arts de Genève, de Niederhäusern s’installe à Paris en 1886. Il s’inscrit dans l’atelier du sculpteur Henri Chapu, puis dans celui d’Alexandre Falguière. Auguste Rodin auprès duquel il aimerait étudier n’acceptant pas d’élèves, il s’engage à son service en tant que praticien. Ainsi, dès 1892, il parvient à se rapprocher du maître, à bénéficier de son savoir-faire et à s’imprégner de son talent. En hommage au sculpteur qu’il admire tant et animé par la volonté d’affirmer une prestigieuse filiation, il expose sous le nom de Rodo.
Rodo trouve en Rodin le maître qui lui permet de s’affranchir de la tradition réaliste pour s’exprimer avec fougue et lyrisme. Les Initiés porte la marque de cette influence dans l’ampleur des figures, l’idée du non finito qui laisse certaines parties inachevées, et celle des corps émergeant de la matière. Cette sculpture dégage un sentiment de puissance contrariée et exprime une tristesse qui « ne nous pénètre si bien que parce qu’elle est très contenue, très naturelle, sans gestes ni attitudes », comme l’écrit son contemporain, le critique d’art Gaspard Valette.
À Paris, Rodo fréquente les cercles symbolistes et prend part aux plus importantes manifestations du mouvement, notamment aux Salons de la Rose+Croix. Le titre Les Initiés a pu lui être inspiré par la revue de l’hermétisme parisien L’Initiation (dès 1888), ou par le livre d’Édouard Schuré, Les grands initiés (1889). Il laisse entendre que le couple qui abrite sa nudité à l’ombre d’une paroi rocheuse détiendrait un secret primitif, ou aurait été initié à des pratiques occultes, comme le souligne le mot tracé en grec ancien dans le plâtre qui signifie « initiation aux préceptes d’une religion ».