Bibliographie
Nicole Schweizer (dir.), Jean-Luc Manz. Peintures 1984-2010, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, 2010 (Binding Sélection d’Artistes no 35).
Lionel Bovier et Gilbert Vincent, Jean-Luc Manz. Pleurs de cendres, Lausanne, Galerie Patrick Roy, 1996.
Catherine Quéloz et Dieter Schwarz, Jean-Luc Manz, cat. exp. Winterthour, Kunsthalle Winterthur, Genève, Halle Sud, La Chaux-de-Fonds, Musée des Beaux-Arts, 1988.
L’œuvre de Manz poursuit un cheminement particulier, individuel même, au sein de l’abstraction géométrique, telle qu’elle s’est développée entre Genève et Lausanne dès les années 1980. Ses recherches renferment une dimension affective propre aux références qui le constituent. Cette attache au réel est une stratégie permettant à l’artiste de ne pas céder au formalisme pur. Manz met au point son langage appropriationniste après une première période de création non figurative (1974-1977). Il cède à la géométrie au contact de nouvelles fréquentations (l’atelier de Chérif Defraoui, John M Armleder, etc.), puis découvre Le Caire en 1992, où le goût des habitants pour les formes décoratives l’incite à faire allusion à des éléments tirés du réel, comme un tissu ou une mosaïque. Ainsi, les damiers colorés des séries Bari’s Paintings (1998-1999) et Bari’s Fields (1999) se rapportent à la division des champs cultivés dans la région de Bari, observés depuis un avion se dirigeant vers l’Égypte.
Annoncé dans un ensemble de vingt et un dessins (1995, Zurich, Kunsthaus), Les pleurs de cendres est une série de sept tableaux, dont le Musée conserve le quatrième. Leur composition est identique de toile en toile – une alternance de lignes horizontales de deux couleurs différentes sur un fond blanc –, mais le duo chromatique, ici jaune et rouge, varie. Cette série évoque le souvenir de Chai, un ami de l’artiste mort d’un cancer à l’âge de trente et un ans. Le deuil n’est pas traité de manière frontale ni tragique. Il prend la forme d’une allusion mélancolique à travers le dialogue des lignes, ode à la rencontre entre deux êtres. Rares dans l’œuvre de Manz, les lignes font référence à Agnès Martin – il voulait retrouver dans Pleurs de cendres la même émotion que celle ressentie face aux toiles de la Canado-Américaine –, et à Richard Paul Lohse. Hommage à l’être aimé, à la rencontre de trop courte durée, Les pleurs de cendres retrace le sentiment de vie et de perte, ainsi que la densité du souvenir et son infinitude.