Bibliographie
Marina Ducrey, avec la collaboration de Katia Poletti, Félix Vallotton,1865-1925 : l’œuvre peint, 3 vol., Lausanne, Fondation Félix Vallotton, Zurich, Institut suisse pour l’étude de l’art, Milan, 5 Continents Editions, 2005, n° 321.
Sasha M. Newman (dir.), Félix Vallotton, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Paris, Flammarion, 1992.
Après presque trois années passées à développer son activité de graveur et à s’approprier l’esthétique nabie dans les domaines du nu et de la scène de genre, le retour de Vallotton au paysage pur, à l’été 1900, est fructueux. Installé au château de La Naz, dans la campagne lausannoise, l’artiste peint « une trentaine de paysages », qu’il inscrit dans son Livre de Raison sous un seul numéro, 430.
Pour Les saules, brossé dans une palette proche de celle du Grand nuage, Vallotton fait la part belle à l’étendue d’herbe traitée en un grand aplat vert. Le peintre place haut la ligne d’horizon, la silhouette bleutée des montagnes à l’arrière-plan et le ciel doré qui vient fermer la composition. Les courtes touches mauves pâles des colchiques rythment et animent la surface du tableau, tandis que les brins d’herbes, traités en de brèves notations vert-bleu presque transparentes, font vibrer le paysage. La ligne jaune interrompue du chemin et les silhouettes imposantes des saules viennent tempérer une construction en bandes parallèles. L’ouverture vers un arrière-plan dans la partie gauche du tableau et l’expression discrète d’une profondeur de champ par une diminution sensible de la taille des végétaux contrebalancent le rabattement de la perspective, caractéristique des œuvres de la maturité de l’artiste.
Nabie par la palette et par le traitement décoratif des éléments naturels, la composition simplifiée, teintée d’anecdotisme (la fumée sortant de la cheminée, les arbres chargés de fruits mûrs soutenus par des perches) annonce les paysages composés de l’artiste. Accordant manifestement une importance particulière à cette œuvre, Vallotton la représente sur le chevalet de son atelier de la rue de Milan dans le tableau Max Rodrigues dans l’atelier de Félix Vallotton (1900, Collection Rau).