Bibliographie
Fenêtres de la Renaissance à nos jours, cat. exp. Lausanne, Fondation de l’Hermitage, Lugano, Museo Cantonale d’Arte, Milan, Skira, 2013.
Marina Ducrey, avec la collaboration de Katia Poletti, Félix Vallotton, 1865-1925 : l’œuvre peint, 3 vol., Lausanne, Fondation Félix Vallotton, Zurich, Institut suisse pour l’étude de l’art, Milan, 5 Continents Éditions, 2005, n° 452.
Sasha M. Newman (dir.), Félix Vallotton, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Paris, Flammarion, 1992.
Au printemps 1903, Vallotton et sa famille s’installent au 59, rue des Belles-Feuilles, dans un hôtel particulier du 16e arrondissement de Paris, là précisément où débute la rue Mérimée. Au-dessus du salon, l’artiste fait aménager un atelier auquel on accède par un escalier en colimaçon. De l’une des fenêtres, il jouit de la vue qu’il peint sur ce tableau, un enchevêtrement de toits, de pans de murs et de morceaux de façades. Le vert des feuillages qui ferment la perspective, le camaïeu de gris des constructions et le ciel bleu clair, animé de quelques nuages, confèrent au tableau une certaine froideur que ni les cheminées et le toit de tuiles orangées de l’immeuble vis-à-vis, ni un rayon de soleil ne parviennent à tempérer.
La bande gris sombre à droite de la toile – un montant de fenêtre ou un morceau de mur dans l’ombre – attire l’œil d’emblée. Rompant radicalement avec les lignes diagonales des toitures, elle borne audacieusement la composition et assoit tant sa verticalité que sa frontalité. Le peintre utilisera un artifice similaire dans certains portraits, ainsi Le foulard jaune (1911, Lausanne, Musée cantonal des beaux-arts).
Les toits, rue Mérimée occulte le caractère cossu du nouveau logis de Vallotton. Nostalgie d’une vie de bohème chez celui qui s’est habitué à vivre dans le confort depuis son mariage avec la riche Gabrielle Rodrigues-Henriques en 1899 ? Ou plutôt recherche d’un point de vue insolite, servi par un cadrage inattendu ? L’approche de Vallotton dans le paysage urbain et naturel se caractérise par cette quête d’un angle de vision singulier, souvent inspiré du cadrage photographique. On en trouvera des exemples saisissants en 1913, dans ses vues de Pérouse et de Moscou.