Bibliographie
Ethel Mathier (dir.), Ernest Biéler. Geträumte Wirklichkeit / Réalité rêvée, cat. exp. Berne, Musée des beaux-arts, Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2011.
Elizabeth Fischer et Catherine Lepdor (dir.), Modes et tableaux. Œuvres de la collection et costumes de 1700 aux années folles, Les Cahiers du Musée des Beaux-Arts de Lausanne n° 10, 2000.
Jörg Zutter et Catherine Lepdor (dir.), Ernest Biéler (1863-1948). Du réalisme à l’art nouveau, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Soleure, Kunsmuseum, Milan, Skira, 1999, p. 59.
Le Vaudois Biéler découvre le village valaisan de Savièse en 1884, et il s’y établira dès 1900. À partir de 1906, l’artiste se rapproche des milieux Art Nouveau. Il met au point une nouvelle manière qu’il baptise «graphisme». Le clair-obscur et le modelé sont abandonnés. Le contour prend de l’importance et délimite des surfaces planes et juxtaposées. Les couleurs, claires, sont posées par aplats. L’artiste adopte la détrempe, l’aquarelle et la gouache sur papier, dont il apprécie le rendu mat.
Les deux jeunes Saviésannes posent ici sans interrompre leur travail, les doigts entremêlés de paille, le brin serré entre les dents. Le tressage de rubans, destinés à la confection ou à la décoration de chapeaux, était une activité couramment pratiquée par les paysannes comme source de revenus accessoires. Elles portent ici un costume de tous les jours. Le tablier de travail est noué haut sur les reins par-dessus la robe sans manches qui laisse voir la blouse en lin blanc. Un fichu autour du cou complète l’ensemble, ainsi que le chapeau traditionnel, dont l’aile abaissée est recouverte de velours et la calotte agrémentée d’un ruché de ruban.
La dimension «naturellement et traditionnellement» décorative du vêtement populaire, aux antipodes de la sobriété du vêtement bourgeois, explique l’intérêt que Biéler lui porte.
Quand bien même l’une d’entre elles fixe le peintre, suggérant un instantané pris à l’improviste, les visages des jeunes filles sont dénués de tout réalisme, et donc d’individualité. Les tresseuses de Biéler ne semblent poser que pour donner à l’artiste le prétexte d’une confrontation entre les lignes parallèles de leurs tabliers et les courbes ondoyantes du paysage inondé de soleil.