Bibliographie
Côme Fabre (dir.), Charles Gleyre. Le romantique repenti, cat. exp. Paris, Musée d’Orsay, Paris, Hazan, 2016, p. 137.
Franz Zelger, « Le Major Davel, une icône de la liberté », in Catherine Lepdor (dir.), Charles Gleyre. Le génie de l’invention, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, 5 Continents Editions, 2006, p. 223-225.
Cette œuvre, la plus monumentale des peintures exécutées par Gleyre, est due à l’initiative de Marc-Louis Arlaud. Fondateur du Musée en 1841, ce dernier en finance la commande et en fixe le sujet : une scène de la vie du major Jean-Daniel-Abraham Davel (1670-1723), héros de la lutte des Vaudois pour libérer leur patrie de la domination bernoise.
Le peintre choisit de représenter le major à l’heure de son exécution. Entré à Lausanne à la tête de quelque 600 hommes, Davel, qui se sent investi d’une mission divine, tente de provoquer un soulèvement contre les Bernois. La compromission des représentants de la ville avec le pouvoir en place fait échouer le projet. Le major est arrêté, jugé et il sera décapité le 24 avril 1723 sur la plage de Vidy. Dans un dernier discours, il déclare que c’est avec joie qu’il meurt pour la liberté, prononçant une phrase demeurée célèbre : « c’est ici le plus beau jour de ma vie ».
Pour préparer son sujet, Gleyre entreprend un vaste travail de documentation, aidé par l’historien Juste Olivier. Il multiplie les études préparatoires au crayon et les esquisses peintes. Au final, il choisit de montrer Davel sur l’estrade, entouré des pasteurs, du bourreau et de son assistant. Au premier plan, deux soldats, et en arrière-fonds, le peuple vaudois déployé devant le paysage lémanique, figé dans sa stupéfaction. Le geste d’allocution, bras levé, renvoie tant au héros de l’Antiquité, tel que Jacques-Louis David le représente dans La Mort de Socrate (1787, New York, Metropolitan Museum of Art), qu’au Christ prêchant.
Le tableau, achevé à l’automne 1850, est accueilli triomphalement à Lausanne. Icône de la peinture d’histoire suisse, il est détruit en 1980 par un incendiaire. Il n’en reste aujourd’hui qu’un fragment, le soldat de droite, se voilant la face.