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La collectionBibliographie
Bernard Fibicher (dir.), Giuseppe Penone. Regards croisés, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, 5 Continents Editions, 2015.
Laurent Busine (dir.), Giuseppe Penone, Arles, Actes Sud, 2012.
Françoise Jaunin, Giuseppe Penone : le regard tactile [entretiens], Lausanne, La Bibliothèque des Arts, 2012.
Le motif de l’arbre et le bois comme matériau sont omniprésents dans l’œuvre de Penone. Qu’il expose un billon, taille un tronc dans un tronc, le sculpte dans du marbre, assemble des branches pour en faire un support, donne à voir les racines, estampe de l’écorce ou assimile les anneaux de croissance à des empreintes digitales, l’artiste explore par ce biais ce qui relie l’humain à la nature.
Un arbre nu en bronze mesurant quatorze mètres de hauteur, une excroissance ellipsoïdale de feuilles dorées et une sphère de granit : voilà les trois éléments et matériaux de cette sculpture intégrant de manière surprenante l’organique et le géométrique – n’y décèle-t-on pas quelques réminiscences surréalistes (Max Ernst, René Magritte) ? Penone nous en livre l’explication suivante : « L’arbre s’élance vers le ciel et le feuillage s’élargit en une forme ample et sphérique afin de recueillir un maximum de lumière. Voilà la raison pour laquelle ses feuilles sont dorées. Le bronze par contre est un élément soumis à la force de gravité qui nous dirige vers les profondeurs de la Terre, vers l’obscurité. » La roche sphérique est juchée sur la cime de l’arbre comme si elle était tombée du ciel. Le corps géométrique parfait s’oppose ainsi à l’arbre, élément organique qui, selon Penone, constitue le prototype de la sculpture idéale.
Le thème de l’ombre et de la lumière – la création du monde dans la Genèse débute par l’acte fondateur de la séparation de la lumière des ténèbres – trouve chez l’artiste italien une expression matériellement pertinente, plastiquement superbe, éminemment sensuelle et qui malgré tout reste énigmatique. Intégrée au hall d’entrée du Musée, espace de circulation qui se veut neutre, la sculpture marque le territoire, le définit d’emblée comme appartenant au monde de l’art. Elle y développe les fondements de tout acte percepteur : les conditions mêmes du visible que sont la lumière et l’ombre.