Bibliographie
Dieter Schwarz (dir.), Giovanni Giacometti 1868-1933, cat. exp. Winterthour, Kunstmuseum Winterthur, Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Coire, Bündner Kunstmuseum, Zurich, Institut suisse pour l’étude de l’art, 1996, p. 16.
Paul Müller et Viola Radlach, Giovanni Giacometti 1868-1933. Werkkatalog der Gemälde, Zurich, Schweizerisches Institut für Kunstwissenschaft, 1997, vol. 2, n° 1929.35.
Après la mort de Ferdinand Hodler en 1918, Giacometti domine la scène artistique suisse allemande avec Cuno Amiet. S’ils sont considérés tous deux comme les représentants d’une nouvelle peinture qui revendique le primat de la couleur, Giacometti se distingue de son camarade par le rapport passionné qu’il entretient à la « vérité ». Il refuse de réduire l’art à un jeu formel, la nature à un répertoire de motifs. Pour lui, la peinture est l’expression d’une émotion née d’un rapport étroit avec son milieu et avec ses proches. Comme il l’écrit en 1909 : « Un artiste ne peut réaliser une œuvre que s’il l’a vécue et le spectateur ne peut l’apprécier que s’il la revit en lui-même. »
Le rapport que le Grison entretient avec la Haute-Engadine est de cet ordre, véritablement consubstantiel. Loin de son village natal perché à plus de 1ˈ300 mètres d’altitude, il dépérit : « […] l’Italie, malgré ses beautés, ne me satisfaisait pas. J’aspirais à revoir mes montagnes, à respirer leur souffle salubre », écrit-il en 1893. Il revient s’installer définitivement à Stampa en 1904. C’est là qu’il séjournera l’hiver, se rendant chaque été à Maloja, alpage traditionnel des paysans du Val Bregaglia.
À partir du début des années 1920, Giacometti se consacre pleinement à ses paysages de montagnes, ses enfants – autrefois ses modèles favoris – ayant quitté la maison. Maloja en hiver est une reprise presque à l’identique d’un cadrage en direction du Piz Lagrev choisi deux ans auparavant pour Maloja en été (1927, conservé au Musée). L’artiste, qui peint en plein air, les skis aux pieds, n’adopte pas la contre-plongée qui aurait permis d’exalter la majesté d’une montagne culminant à plus de 3ˈ000 mètres d’altitude : il la montre telle qu’elle apparaît dans son champ de vision, ses flancs roses frappés d’une lumière solaire qui réunit dans un tout indissociable le bleu du ciel pur, le jaune des maisons et le blanc de la neige qui fond.