Théophile-Alexandre Steinlen
Masséida et le singe Gaspard, après 1911

  • Théophile-Alexandre Steinlen (Lausanne, 1859 - Paris, 1923)
  • Masséida et le singe Gaspard, après 1911
  • Huile sur toile, 200 x 120,5 cm
  • Don anonyme, 1954
  • Inv. 1954-013
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Steinlen rencontre Masséida en 1911, par l’entremise de Jean-Louis Forain. Originaire de l’ethnie des Bambaras, la jeune femme est connue dans les milieux artistiques. Elle pose pour des peintres, parmi lesquels Félix Vallotton qui la représente avec ses scarifications faciales (Négresse drapée de rouge, 1911, collection privée). Après la mort de l’épouse de Steinlen, elle devient sa compagne et tient sa maison conjointement – et non sans heurts – avec sa fille Colette. À la mort de l’artiste, elle hérite d’une partie du fonds d’atelier. Lorsqu’elle décède à son tour, à l’âge de quarante ans, sa succession alimente longtemps le marché de l’art, avec pas moins de huit ventes publiques, de 1930 à 2000.

Masséida a souvent posé pour Steinlen qui la représente dans des études au fusain réalisées sur le vif, et dans des compositions à l’huile plus ambitieuses. Dans les premières, on la voit occupée à des tâches ménagères, dans des poses académiques, ou allongée nue sur un canapé. Dans les secondes, elle est au centre de compositions au chromatisme poussé, brossées par larges aplats denses, dans un style expressif et charpenté qui évoque bien sûr Paul Gauguin, mais surtout les peintres de Montmartre, et en particulier Suzanne Valadon. En toutes occasions, Steinlen accentue le caractère félin de son modèle, insistant sur sa souplesse et sa grâce naturelle. Ici, il s’amuse des poncifs orientalistes en la mettant en scène avec une de ses amies, au bord de quelque océan imaginaire dans lequel s’ébattent leurs compagnes. Masséida, souriante, s’amuse à agacer le singe Gaspard, un parmi les nombreux animaux dont l’artiste aimait à s’entourer. Au sol, on voit une façon de nature morte : les restes d’un fruit décortiqué et un plat rempli de mangues et de bananes.

Bibliographie

Le modèle noir de Géricault à Matisse, cat. exp. Paris, Musée d’Orsay, Paris, Musée de l’Orangerie, Paris, Flammarion, 2019.

Philippe Kaenel, avec la collaboration de Catherine Lepdor, Théophile-Alexandre Steinlen. L’œil de la rue, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, 5 Continents Editions, 2008, p. 170-175.